Départ : Pont de Valombré (780 m)
Sommets associés : Charmant Som (1867 m) col de la cochette (1263 m)
Orientation : N
Dénivelé : 825 m.
Ski : 1.3
Sortie du samedi 21 janvier 2023
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : beau temps avec qq passages nuageux - froid mais j'étais essentiellement à l'abri du vent
Conditions d'accès/altitude du parking : RAS - 780m (j'ai utilisé le pkg de la petite station d'épuration au Pont du Grd Logis
Altitude de chaussage/déchaussage : 780m
Conditions pour le ski :peut mieux faire - neige de grande qualité, excellentissime dans les clairières mais dont on ne peut pas profiter pleinement en sous-bois par manque de sous-couche
Activité avalancheuse : RAS
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Après le ski en zone de Silence, voici un autre grand silence, celui de la rive G du Guiers Mort. D'un coté, le silence nous est demandé par les moines car ils savent qu'il ne va pas de soi, que l'humain a besoin de « meubler le silence » pour ne pas être étreint par l'angoisse de sa finitude. Parfois, souvent, ils l'obtiennent, parfois non. De l'autre côté, c'est le silence de la faune sauvage qui ne demande rien, et qui, comme les moines, souvent l'obtient et parfois non. La faune, elle, n'a pas une architecture et une Histoire impressionnantes pour attirer à soi comme le Monastère. Pourtant, à bien y regarder, les ponts de Valombré, du Martinet et de la Tannerie sont également des réalisations humaines de grande beauté qui enjambent depuis plusieurs siècles les eaux fougueuses d'un Guiers rien moins que mort. Et que dire des Haberts ! Celui de Valombré n'est plus qu'un tas de pierres taillées dont la mémoire aurait sans doute beaucoup à nous dire. Celui de la Malamille est un petit bijou d'architecture cartusienne qui rehausse le charme de sa clairière. Le bois de Valombré n'attire que quelques randonneurs épris de silence et, hélas aussi, les chasseurs. Leur 4x4 était monté jusqu'à la Malamille et je n'étais alors pas autrement étonnée de ne voir que d'innombrables traces d'ongulés mais aucune présence.
Entrer en ce lieu, c'est se retirer du monde. La route de St
Pierre n'est pas loin mais elle n'existe plus.
Je n'avais pour cette matinée aucun grand projet dans le registre du « faire » mais un grand souhait pour celui « d'être ». Être dans ces bois où je renais chaque fois, protégée de la bise mordante, effleurer leurs neiges intouchées, aller « jusqu'où mes pas me portent ».
Ah, la neige de Valombré ! De la poudre à n'en pas douter, et de la bonne. Si légère que chaque pas s'enfonce loin mais hélas rencontre souvent un obstacle sournoisement caché. C'est une erreur que de venir ici en l'absence de sous-couche. Mais que voulez-vous, quand l'attraction est trop forte, c'est comme dans la vie, on la fait facilement, l'erreur ! Moi, du moins.
Évidemment, une fois quitté la RF, plus aucune trace ni du jour présent, ni des jours passés. Une trouée de débardage, repérée à l'automne, permet de monter facilement vers le Promontoire jusqu'à 1100m environ. On peut encore pousser le bouchon une 50aine de mètres mais au-delà j'ai jeté l'éponge. Massacre sans tronçonneuse garantie : tibia, humérus et col du fémur jetés aux chocards. Je redescend en mode « femme légère ». Pas trop difficile.
Une trace de skis monte direction Col de la Cochette. Elle me reposera. Las, elle s'arrête dès les premiers lacets après la Malamille. Normal : apparemment c'était un (e) skieur (euse) en randonnée nordique. J'évalue la situation : sans doute aussi limite que dans le vallon précédent, mais allons voir quand même. J'enquille les premiers lacets (car le sentier se devine encore quelque peu) et je me rend compte qu'à enneigement équivalent, les obstacles sont un peu moins gros. Jusqu'à ce que j'arrive sous l'extrémité S du Rocher de Malamille au pied du vieux sentier de pèlerins emmuré qui débouche au col. Là je n'insiste plus : autant skier dans les vignes de Savoie un jour où les neiges baujues ont condescendu à laisser tomber quelques rares flocons sur Montmélian.
Descente agréablement douce et arrivée avec tous mes abattis. Il me reste en bonus quelques virages de rêve dans la clairière de la Malamille et d'autres un peu plus nombreux dans celle de Valombré.
Venir à Valombré, c'est entrer dans un sanctuaire. De grâce n'y venez pas en groupe. Venez seul de préférence et les arbres vous parleront. Avec une âme sœur c'est possible aussi – si vous en avez une – car le partage aide à attendrir la glace qui ne demande qu'à enserrer nos cœurs.
J'aurai rencontré une fois de plus mes amis les arbres qui ne partagent pas toujours facilement leur espace (…) mais si généreusement leur énergie. Et mon amie la fée aussi m'attendait au bord du chemin. Vous ne me croyez pas ? La rencontre est documentée. Vous ricanez ? Chassez le surnaturel, il reviendra en sanglots.