Départ : Colomban Noir (2401 m)
Sommet associé : Pic Blanc du Galibier (2955 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 1200 m.
Ski : 2.1
Sortie du jeudi 2 juin 2022
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Températures douces - quelques rafales de vent sur les crêtes - grésil au sommet - passage de brumes fugitives mais denses
Conditions d'accès/altitude du parking : 2401m - RAS - route du Galibier ouverte depuis le 1er juin ap midi
Activité avalancheuse : rien - quelques escargots
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par taramont)
La carte était encore jouable, mais c'était tout juste. Le croupier venait de prononcer la formule fatidique « Faites vos jeux, rien ne va plus ». Le Trèfle fleurissait dans les pâtures, le Carreau de chocolat fondait dans la nuit moite zébrée d'éclairs de chaleur et le Coeur était brisé par l'échéance inéluctable. On a donc joué le Pique, le Pic Blanc, l'as des Pics, celui qui, dans le monde d'avant, était gagnant à coup sûr en juin.
On a vite vu que le manteau était mité, qu'il nous faudrait crapahuter pour atteindre la jolie combe lacustre à partir d'où tous les espoirs de continuité étaient encore permis jusqu'à la crête. Quant à la croupe sommitale, impossible de dire de loin quel moyen de locomotion permettrait de la gravir.
Au moment du départ, les paroles d'Emerson revinrent à ma mémoire fort à propos : « Que l'aube étoilée qui tombe la nuit fasse d'éternelles funérailles ». Funérailles d'une saison ? Peut-être. Mais des funérailles à fêter et non point à pleurer. A fêter malgré la timidité des étoiles cernées par des traînées livides.
Au
sommet, le grésil nous accueilli. Grésil de juin, voilà autre
chose ! Et dans la descente, le brouillard essaya de nous
égarer. Brouillard de juin et voilà encore autre chose ! Mais
arrivées au bord des méandres du ruisseau de Fontaine Lombarde, il
ne nous sembla pas raisonnable de nous en tenir là. Tentons donc une
seconde montée pendant qu'on y est ! Et miracle – car il
arrive que les miracles se produisent aussi ailleurs qu'en Chartreuse
– la brume se déchira et ce fut comme un second jour. Là-haut, la
Meije gardera quand même son bonnet et la descente de la croupe
finale fut aussi chaotique que la première fois. Mais le reste,
sinon un délice, tout au moins un dessert tout à fait honorable et
tout alla pour le mieux dans ce qui reste du plus beau des mondes. Car c'est le lot de toute beauté que de splendider puis de décatir.
Et puis, quand on part en sachant (ou en croyant savoir ou en faisant semblant de savoir) que c'est la dernière, il faut être à la fois hyper concentré et désinvolte. Car un cœur lourd sur des jambes distraites ne vous mènerait pas loin. Si le ski nous aura appris quelque chose, c'est qu'il ne faut pas se laisser surprendre...surtout pas par la fin.
Que ce soit la dernière sortie ou une fausse sortie, c'est le moment de vous remercier très chaleureusement de votre sympathique soutien et de vos précieux encouragements tout au long de ces 6 mois de randonnées . Bel été à tous ! Et que les absents restent présents en nous.