Départ : lac du poursollet (1649 m)
Topo associé : Pyramide d'ornon, Versant W par le Lac Fourchu
Sommet associé : Pyramide d'ornon (2839 m)
Orientation : W
Dénivelé : 1170 m.
Ski : 3.1
Sortie du lundi 9 mai 2022
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : températures douces - pas de vent - ciel dégagé aux premières heures puis nuages bourgeonnants et passages de brume parfois dense - jour blanc modéré sur le début de la descente
Conditions d'accès/altitude du parking : 1649m - RAS
Altitude de chaussage/déchaussage : 2050m - des langues de neige discontinues auraient encore permis de grappiller quelques dizaines de mètres à la descente
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par taramont)
Le massif du Taillefer, vous en conviendrez, est bien particulier ; tourmenté, lacustre, un peu de Belledonne, un peu d'Oisans mais un caractère bien à lui. On y trouve le point culminant avec l'esprit d'Eloi (pour que vous ne vous croyiez pas au-dessus d'elles, je veux parler des lois de la pesanteur, les autres, ma foi...) et une exotique Pyramide. Entre les deux, les spatules peuvent balancer. Le départ est le même, on a donc le temps de décider. Car si la nuit n'a pas fait ce qu'elle a à faire c.à.d. porter conseil, peut-être que le petit jour le fera à sa place.
Ce matin donc, Isis et Nephtys sont allées visiter la Pyramide d'Ornon après une looongue traversée du désert. Car une semaine sans ski, n'est-ce pas exactement cela ?
Toujours rebelle, Isis avait négligé de se parer de ses attributs mythiques. Normalement, on aurait dû la voir, altière, avec sa perruque surmontée d'un disque solaire entre deux cornes de vache. Mais il n'était pas question d'effrayer l'éventuel passant, et d'ailleurs, le soleil était loin d'être levé et les vaches pas encore à l'alpage. Elle avait donc cerné son front serein de son buff de tous les jours sans désert.
Nephtys, quant à elle, tout aussi rebelle, avait troqué son sceptre contre un banal, mais néanmoins efficace, bâton de ski.
Ainsi pouvait se réaliser le Texte des Pyramides, tout à fait adapté à la situation :
Montez et descendez
Descendez avec Nephtys
Plongez dans les ténèbres
Avec l'écorce de la nuit
Montez et descendez
Montez avec Isis
Levez-vous avec l'écorce du jour.
Ok. Le timing ce n'était pas tout à fait cela. Nephtys ayant traîné les pieds pour partir à l'heure exigée par Isis – celle-ci toujours prête à se lever avec l'écorce du jour - le lac Claret méritait déjà son nom quand leur char les déposa à l'oasis du Poursollet.
Tant qu'il ne fut question que de marcher, pas de problème. A défaut d'ibis, un tétras donna le change par une parade de bas vol et un roucoulement à vous fendre l'âme. Sur la route, nos égyptiennes firent connaissance avec d'autres représentants de la faune locale : un chevreuil et un écureuil. Elles étaient ravies.
Sensible au froid, Isis agitait ses bracelets dans ses moufles et Nephtys, quelque peu gênée par ses anneaux de chevilles se demandait si son pied égyptien, plus habitué aux fines sandales qu'à ce carcan de plastique, allait sortir indemne de cette aventure.
Après avoir rincé leurs yeux de biche à l'éclat des lacs Fourchu étincelant au soleil levant, elles entrèrent dans le vif du sujet, en l'occurrence une langue de neige bien pendue, et bien pentue aussi. Les bracelets d'Isis ont teinté dans l'air cristallin quand, prudemment, elle a ajusté ses crampons et Nephtys qui ne voulait plus quitter ses skis a enfin compris les avantages du plastique sur la peau de chèvre.
Quand, entre deux nuées de brume apparut la Pyramide, nos deux voyageuses se sont étonnées qu'elle fut si ronde. Il a fallu leur expliquer que cette Pyramide-là n'avait pas été bâtie par des esclaves encouragés par le fouet mais à l'intention d'esclaves volontaires y venant encouragés par le seul fouet de leur passion et qui, arrivés au sommet, rêvent de s'étendre devant le spectacle du monde. Même si la vaste plate-forme sommitale reste ce qu'elle est de siècle en siècle, leurs rêves ne sont cependant pas toujours exaucés. Ainsi aujourd'hui.
C'est dans la première partie de la descente, bracelets agités par la griserie, qu'elles comprirent d'où venait cette curieuse passion. Hélas, dans la seconde partie, il y eut comme un soupçon de scepticisme et de déception.
Les nuages gonflés de fierté d'avoir accompagné un tel événement et les fleurs de l'alpe soucieuses d'apporter un peu de couleur parmi les premières gouttes de pluie achevèrent de les convaincre qu'une Pyramide d'Ornon est à la hauteur de toutes celles d'Egypte.