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La baignoire de Lénine du côté de la Grande Sure 
Massif : Chartreuse
Départ : Chartreuse de Curière (853 m)
Topo associé : Crêtes des Charmilles, par la None
Sommet associé : Grande Sure (1920 m)
Orientation : T
Dénivelé : 900 m.
Ski : 1.3
Départ : Chartreuse de Curière (853 m)
Topo associé : Crêtes des Charmilles, par la None
Sommet associé : Grande Sure (1920 m)
Orientation : T
Dénivelé : 900 m.
Ski : 1.3
Sortie du mercredi 2 février 2022
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : bouché toute la journée. Gros redoux jusqu'à 1500m. Fort vent de nord au-dessus.
Conditions d'accès/altitude du parking : sec
Altitude de chaussage/déchaussage : 843
Conditions pour le ski : Neige très lourde en forêt, vitrifiée sur les secteurs ventés (col de la Sure et au-dessus)
Activité avalancheuse : Quelques escargots de taille modeste.
Skiabilité : 😟 Médiocre
Compte rendu (par MiRO)
- Allô Miro ? Vous devriez aller voir le brocanteur à St Lau, il en a une.
- Vous avez pu voir le modèle ?
- Oui, je crois bien que c'est une Simionoff
- Une ... Simionoff !? Merci Taramont, j'y cours tout de suite.
Une Simionoff, la même marque que celle qui avait permis en 1974 aux frères Jerzinski de réaliser leur fabuleux projet sur la face nord du Pic Lénine. Je n'ose pas encore y croire vraiment, même si je sais que Taramont ne se permettrait pas de me faire une fausse joie sur un sujet qui me tient tellement à coeur.
- Allô Taramont ? C'est bon, je l'ai, c'est bien une Simionoff !
- Ah, vous devez être content. Vous l'avez payée cher ?
- Le vieux en voulait 200 roubles, nous sommes finalement tombés d'accord sur 30 euros. Vous êtes dispo demain ?
- Bien entendu, ça fait tellement longtemps que vous me rabattez les oreilles avec votre Simionoff. Par contre pas trop tôt, je tiens à aller chez le coiffeur avant de me faire décoiffer à bord de votre nouvel engin !
- 9h ?
- D'accord, lieu de rendez-vous habituel.
Le lendemain (aujourd'hui), lieu de rendez-vous habituel
- Miro, vous n'êtes pas sérieux, vous n'allez pas porter ça jusqu'au sommet de la Grande Sure ?
- Je ne sais pas si j'y arriverai, mais on peut essayer. Elle ne doit pas peser beaucoup plus de 30 kg, ce n'est pas un modèle familial non plus !
(Fous rires de Taramont)
Rapidement garés à Curière sur le parking vide (c'est le nouveau dada de Taramont d'écumer les parkings vides), on attaque la piste forestière qui monte à None. On a beau connaître par cœur notre jardin, on s'en émerveille à chaque fois comme au premier jour. Taramont me presse de lui raconter en détails l'exploit des frères
Jerzinski.
- Ouvrez bien vos oreilles Taramont. En 1974, pour célébrer le cinquantenaire de la mort de Lénine, le Club Alpin Soviétique, fondé par les sœurs Abalakov en 1927, lança un appel pour un projet alpin original et innovant. Les frères Jerzinski proposèrent la première descente de la face Nord du Pic Lénine à bord d'une Simionoff, la baignoire que tout apparatchik digne de ce nom, avait dans sa salle de bains à cette époque. Il s'agissait d'une petite baignoire-sabot, très légère, conçue en 1917 pour permettre aux russes blancs de fuir face à la poussée bolchevique, tout en conservant hygiène et confort. Une baignoire portable en quelques sorte. Mais 30 kg tout de même !
Ils entamèrent l'ascension du Pic Lénine par l'arête ouest le 7 juillet 1974, et hissèrent la Simionoff au sommet le 18 juillet à 15h. La descente dans l'impressionnante face nord de 3000m, fut épique et pour le moins mal maîtrisée, puisque seul l'aîné des Jerzinski arriva en bas dans la baignoire. Le cadet, Vladimir, disparut au cours de la descente, et ne réapparut que l'année suivante, après 432 jours passés au fond d'une crevasse. Enfin, c'est ce qu'il déclara avant d'être envoyé au goulag pour désertion (Les sœurs Abalakov avaient signalé le non paiement de sa cotisation au club alpin soviétique pour l'année 1975).
- Miro, vous voulez un peu de thé ?
- Ah oui, merci
La bise nous cueille dès la sortie du Cul de Lampe, le col de la Sure est vitrifié. Je mets les couteaux, Taramont monte en crampons. Nous avons été très lents, l'après-midi est déjà bien entamée. Pourtant Taramont avait prévenu qu'il faudrait s'armer de patience.
Je commence à être bien cramé avec la Simionoff sur le dos depuis plus de 7h.
- Taramont, je n'en peux plus, je fais une pause.
- Miro, vous n'y songez pas, vous avez vu l'heure ? Ce n'est pas parce que vous êtes mort que vous avez la vie devant vous ! Allez, du nerf, la croix est en vue, la bannière ne doit pas être bien loin.
Certes ce n'est pas la face nord du Pic Lénine, mais c'est un beau toboggan quand même, cette face Est de la Grande Sure. Je m'assois dans la Simionoff, Taramont sur mes genoux, et c'est parti. On n'y voit rien avec le jour blanc, et c'est peut-être mieux ainsi, car on ne gère rien de chez rien. Les skis sur nos sacs nous gênent terriblement, et nos tentatives de plantés de bâtons n'occasionnent aucune modification de la trajectoire. La Simionoff n'en glisse qu'à sa tête.
Au pied de la face, on se congratule (comprenez qu'on porte un toast "Na Zdarovia !!!", puis un autre, et un autre encore "ichio addin i vsio !"). L'obscurité approche, on repeaute jusqu'au col de la Grande Vache, et on se laisse glisser jusqu'au chalet de la Charmette avant de rejoindre Curière.
Taramont a bien sûr prévu les bières, elle commence à m'entreprendre sur la possibilité de traîner la Simionoff sur la Haute Route des Couvent de Chartreuse.
- Non ! Soeur T., sortez !
De sa plume, Taramont émerveille
Combien douce est une journée entre deux sorties ! Le matin on se repasse le film de la veille en boucle, l'après-midi, on se fait le film de la journée à venir. En écoutant de la musique, bien entendu.
Et si on tombe sur une perle, on la passe en boucle. Ce n'est pas seulement une perle que j'ai trouvée hier, mais toute une équipe de « Pêcheurs de perles » animée par Mr Bizet. Mais que viennent faire des perles dans un récit de randonnée, me demanderont ceux qui ont « l'esprit montagne »(qu'on m'a déjà reproché de ne pas avoir...) ? Eh bien, ne sommes-nous pas tous, à chaque sortie, à la recherche d'une perle et rentrons parfois bredouilles, parfois comblés ? En tout cas, la romance de Nadir a accompagné toute ma journée et ça n'a gêné ni le vent, ni la croûte, ni la pourrie et même pas mon compagnon.
Je vous en livre les paroles, juste après quelques modifications pour « faire plus Chartreuse » (les palmiers, c'était vraiment too much) et coller davantage à la réalité des faits.
Je crois entendre encore,
Cachée sous les nois'tiers
Sa voix tendre et sonore
Comme un chant de ramier.
Ô journée enchanteresse !
Divin ravissement !
Ô souvenir galérant !
Folle ivresse ! Redoux crêve !
Le chant et les paroles exactes sont ici www.youtube.com/watch?v=BWhyhIZBMOI
De toutes les interprétations, c'est celle de David Gilmor qui m'a le plus touchée.
De grâce, Madame Miro, ne prenez pas ombrage ! (Nous n'avons déjà pas vu beaucoup de soleil aujourd'hui). Je ne peux décemment pas écrire que Monsieur Miro « n'a pas été tendre », ce serait péjoratif ! N'en déduisez pas pour autant qu'il a exagérément quitté sa délicate rudesse ! Mais, je dois l'avouer, il y eut un moment vraiment « tendre ». C'est quand nous avons mordu dans les bugnes moelleuses pour accompagner la bière du retour .
km,
Itinéraire suivi : Curière > None > Cul de Lampe > Col de la Sure > col de la Grande Vache > Col de la Charmette > Curière 18,4 kmHoraires : 9h30 - 16h
quelle est verte ma vallée
la nouvelle croix de None
un temps radieux
lesté de sa baignoire, Mr Miro trace le Cul de Lampe
ah, un peu de couleur !
choux fleur du jardin de la Grde Sure
grâce et délicatesse
Mr Miro inspecte un autre modèle de baignoire (fixe)
tant qu'il n'est pas mort, il est vivant
ça skiait un peu par ici
pause à la maison close
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