Col de la Grande Hoche : Couloir NW du Claudet - depuis le Plan du Lac

Massif : Ecrins
Départ : Gîte d'étape du Plan du lac (1180 m)

Topo associé : Col de la Grande Hoche : Couloir NW du Claudet

Sommet associé : Col de la Grande Hoche (2541 m)

Orientation : NW

Dénivelé : 1360 m.
Ski : 5.2

Absence de neige. Portage confortable sur 250 mètres de dénivelé (30 minutes environ).

Le fond du vallon et sa rive droite sont assez faiblement enneigés, avec une fonte déjà bien avancée pour la période. Côté SE tout est d'ailleurs totalement sec (ex : Coche et col de la Coche). On peut pour l'instant chausser/déchausser à la sortie de Lanchâtra, uniquement grâce à la bande de névé moribonde encore présente sur le sentier. Tout est humidifié en profondeur et fortement souillé par le sable du Sahara. Il y a beaucoup d'anciens dépôts avalancheux. Excellent regel nocturne et bonne skiabilité après réchauffement.

Leur enneigement reste correct et permet encore un ski continu. Mais la zone présente un aspect plutôt labyrinthique avec lequel il faut composer tant bien que mal (nombreuses petites barres, buissons parfois luxuriants, rochers affleurants, raides étroitures)... 2 centimètres de fraîche recouvrent la vieille base humidifiée, orange et en béton armé. 

La skiabilité s'avère moyenne en début d'après-midi. Une section nécessite un dérapage piolet à la main.

Il présente actuellement un bon remplissage, est intégralement skiable et a toujours une largeur d'au moins 2 mètres même dans les endroits les plus encaissés. Par dessus la vieille neige - glacée ou vitrifiée par les avalanches descendues lors des coups de chaud d'un passé récent - se trouve fort heureusement une couche poudreuse de 10 à 40cm d'épaisseur dont une partie a manifestement été rapportée par le vent (densification visible). 

La skiabilité est excellente, sans doute difficile d'avoir mieux par ici !

Les nouvelles précipitations (20cm) sont posées sur un manteau neigeux de type mille-feuilles... Il y a de tout là dedans : une épaisse semoule de gobelets/faces planes en profondeur, plusieurs croûtes de regel tantôt dures ou cassantes, un peu de grains fins et une belle strate de sable... En résumé, du sec et de l'humide savamment mélangé, sans une vraie cohésion et dans lequel on patauge généralement jusqu'au bassin ! 

C'est très pénible à monter, pas très rassurant pour la suite, mais là aussi excellent à skier.

---> Météo France annonce un risque à 3/5 (marqué) au dessus de 2200m et à 1/5 (faible) en dessous. Aucune activité avalancheuse significative n'a été observée sur le parcours suivi.  

J'y pense depuis pas mal de temps à ce col de la Grande Hoche. Car des Deux Alpes on ne peut pas rater sa large et belle pente sommitale. Mais de novembre à mai la combe du Claudet devient une autoroute à (énormes) avalanches après chaque épisode perturbé ou venté et au moindre redoux. Alors mes ardeurs ont toujours été refroidies...

Le plus difficile dans un couloir aussi capricieux est donc de trouver le compromis idéal entre sécurité et skiabilité. Chose qu'il paraît difficile de faire sans une observation quotidienne (ou presque)... sachant qu'on ne monte quand même pas tous les jours à Lanchâtra l'hiver ! Bref les années passent...

Et voilà qu'aujourd'hui tout se concrétise avec le plus total opportunisme. J'ai bien jeté un œil dessus lundi dernier depuis la Cime du Pied de Barry, mais sans prétention aucune. C'est hier soir que ça me prend soudain, avec l'annonce d'un nouveau petit créneau de beau temps le lendemain matin. J'ai envie de montagne, il faut quelque chose de court... go ! Au pire, même si c'est un But ça m'aura promené.

Et une fois sur place je me rends compte que les conditions sont là ! Quasi-impossible d'avoir mieux ici : gradins du bas encore en état, couloir rempli juste poudreux comme il faut, et pentes supérieures suffisamment stables malgré leur allure joufflue. Que demande le Peuple !?

Alors je saisis le créneau avec euphorie en effectuant un aller-retour mémorable. Le réseau téléphonique passe parfaitement, ce qui me permet de communiquer régulièrement avec Séverine via WhatsApp (c'est quand même beau le Progrès). Elle suit ma progression aux jumelles depuis son balcon, et j'avoue apprécier vu l'austérité du lieu et la solitude que j'éprouve durant cette ascension. Il y a des hardes de chamois partout, ça siffle en permanence ! Je pense d'ailleurs qu'ils se foutent bien de la figure de ce bipède isolé à la progression parfois si lente. Je ne m'attarde pas trop au sommet car des nuages ont l'air d'arriver, mais suffisamment pour profiter de la vue. La descente s'avère au top dans une neige froide sécurisante permettant de se lâcher et d'enchainer les virages. Je me perds un peu une fois de retour dans le labyrinthe toujours bien béton du tiers inférieur du parcours. Quelques demi-tours et autres dérapages au piolet s'imposent parfois. 

Puis c'est de la glissade jusqu'à Lanchâtra, suivi d'un joyeux portage pour retrouver le Plan du Lac. Je suis sur un nuage !