Départ : Sous le col d'En-haut (1767 m)
Sommet associé : Col de la Croix (2529 m)
Orientation : SE
Dénivelé : 1000 m.
Ski : 2.2
Sortie du dimanche 6 juin 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Température douce, pas de vent, les nuages sont restés en vallée
Conditions d'accès/altitude du parking : 1767m
Altitude de chaussage/déchaussage 2050m:
Conditions pour le ski : très bonnes - neige décaillée dans les versants empruntés (E et S
Activité avalancheuse : ras
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
La Combe de la Croix a dit : « je suis celle qu'il te faut, en plus je n'y vois plus grand monde, c'est pas comme en face à la Laisse ou à l'Etendard, et ici tu n'auras pas à pousser sur les bâtons ». Elle n'avait pas tort.
Pour qu'une course de printemps soit réussie – à mon sens du moins - il faut venir la veille, planter sa tente en un endroit discret et si possible avec vue imprenable. Les mois de mai-juin sont idéals pour cela. Personne sur l'Alpe : pas ou peu de touristes, pas de vaches, pas de moutons, pas de patous, que des fleurs lumineuses, modestes et silencieuses, sans bavardages, sans crottes et sans crocs. Et l'eau est à profusion.
Si vous voulez non seulement musarder mais aussi faire du bon ski, il vous faudra partir tôt. C'est mon habitude. Avec la venue du jour, le pèlerin du petit matin assiste chaque fois comme à un petit miracle. Ce matin, la lune était d'une élégante minceur, guère plus qu'une rognure d'ongle, suspendue dans le ciel tel un accroche-coeur scintillant.
J'aurais bien voulu pouvoir vous dire à la L.F. Ramuz que je cheminais sur le sentier inondé par toutes les sources jaillissantes dont ma lanterne, tenue d'une main ferme, éclairait les éclaboussures d'argent. Mais, plus prosaïquement, c'est ma frontale retenue par un élastique faiblard, malmené devant trop de croisées de chemins (je n'avais pas pris la bonne) qui balayait aléatoirement les embûches tapies sur le sentier rendu casse-gueule par toutes ces sources qui ne regardaient ni à G ni à D avant de traverser (baskets déconseillés).
Puis vint la neige, là où je l'attendais, puis les Aiguilles d'Arves rosirent, puis les Aiguilles de l'Argentière s'enflammèrent. Ces matins-là, comment ne pas leur courir dans les bras encore et encore ?
Il n'y eut qu'un petit raidillon sous le lac de la Croix, que j'ai préféré négocier en crampons, le reste que de la balade le nez au vent absent. Au col, contraste saisissant entre E et W : en E le décaillage était déjà amorcé, en W c'était du dur pas tendre. J'ai préféré me laisser glisser jusqu'au lac et monter sur la crête entre Sambuis et Bec d'Arguille.
Là-haut, dans une solitude entière et paisible, c'était comme un rêve : au N, les îles flottaient sur une mer gris-bleue houleuse, au S, un assortiment de bulles grises ou blanches montraient mollement des velléités d'envahissement.
Le paysage était ouvert comme un livre qui attend depuis longtemps que vous compreniez les choses essentielles qu'il a à dire. Oui, ces paysages vastes, complexes, accidentés où maints vallons voudraient nous perdre, ces paysages ont quelque chose à nous dire.
Et c'était aujourd'hui un jour parfait pour aller écouter leurs murmures qui consolent de tout, puis se laisser glisser sans effort aucun jusque là où les fleurs de l'Alpe, coquettes, vous attendent.