Sortie du vendredi 23 avril 2021
taramont, bastie1
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Temps comme le reste: magnifique, ni chaud, ni froid, ps de vent
Conditions d'accès/altitude du parking : on peut monter la RF en voiture jusqu'à 1200m
Altitude de chaussage/déchaussage : déchaussage définitif 20m plus haut que le pkg, pratiquement entièrement déneigé entre la Cabane de Bellefont et le col de la Saulce, qq déchaussages sur une section de 200m env avant le déchaussage définitif
Conditions pour le ski : très bonnes pour la descente E des Lances et pour la descente W de Bellefont, bonne pour la descente du col de la Saulce au pkg
Activité avalancheuse : RAS
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par taramont)
Itinéraire suivi : RF du col de la Saulce/col de la Saulce/pente W des Lances/Crête 2020m/Couloir à D du couloir principal/vallon de Marcieu/Col de Bellefont/Dôme de Bellefont/Cabane de Bellefont/Col de la Saulce/Pkg - Bastien a fait une autre remontée aux Lances et descente par un cheminement/couloir à D (dans le sens de la descente) du couloir descendu ensemble
Horaires : départ 5h20 - arrivée 12h30
Si par un jour de printemps deux skieurs, cherchent des Lances pour leur dernière, non pas bataille, mais élévation en terres chartrousines enneigées, eh bien, ils les trouvent. Et encore plus splendides qu'en leurs rêves, de souvenirs mêlés.
Sur l'itinéraire, nous fûmes vite d'accord, sur le timing aussi.
Départ St Philibert. Je ne sais de qui St Philibert est le patron mais nous le désignerons d'office "patron des judicieux départs". En effet. En plein hiver, remonter le vallon de Malissard bordé comme un lit bien fait par forêts et falaises où la neige reste exactement là où elle tombe sans qu'aucun souffle de vent ne la perturbe : une tranquillité absolue. Au printemps, maintenant que la RF est à nouveau réparée, on peut monter jusqu'à 1200m s'épargnant ainsi 300m de D+ et 4km. Et, exactement 500m après le pkg, devinez quoi, on chausse un 23/4 !! Et puis, ces Lances, ce ne sont quand même pas des taupinières, mieux vaut les aborder en douceur plutôt que de les affronter de face depuis Perquelin.
Le timing. Ni trop tôt pour ne pas risquer d'avoir à faire le pied de grue (un comble pour une cigogne) à Bellefont en attendant le dégel, pas trop tard pour ne pas descendre en E en brasse coulée. L'aube, éteignant les étoiles une à une, nous a cueillis au col de la Saulce, l'aurore alors que nous louvoyions entre gazon gelé, rocailles et plaques de neige résiduelles avant d'aborder le couloir. Pour moi crampons et piolet, Bastien se passe du piolet sans que cela ne l'émeuve plus que cela. Un vrai chamois. Les autres (chamois) gambadaient parait-il en contrebas, moi j'étais trop occupée à regarder mes pieds pour voir autre chose. Ah si, quand même ; de temps à autre LE paysage. Et cette lumière ! S'il fut un matin clair, ce fut bien celui-là. Les photos vous décriront tout cela mieux que moi (j'en ai mis un peu beaucoup au regard du D+ ce coup-ci, mais c'était trop beau) .
Bastien doit avoir une résidence secondaire là-haut. Il connait chaque couloir du plus large au plus improbable. Quand il m'en a proposé un censé longer très esthétiquement (il connait mes critères) une ligne de petites falaises, je n'ai rien trouvé à redire. Confiance absolue. Quand bien même je ne voyais pas le fond de la chose dans laquelle je m'éLançais. Ce fut parfait. Avec le bémol chartrousin habituel : trop court. Ne pouvait évidemment pas suffire à Bastien, le glouton. Je l'ai laissé s'en faire un autre, de couloir, nouveau pour lui, alors vous pensez bien qu'on ne s'y bousculait pas là-dedans, d'ailleurs on ne se bousculait nulle part, le désert des Tartares était apparemment plus animé que le vallon de Marcieu aujourd'hui.
Pendant ce temps, je remontai le col de Bellefont puis le Dôme d'où la vue sur les Lances, sur le vallon de Marcieu, le Grésivaudan et la chaîne de Belledonne est l'une des plus belles qui soit.
Le timing nous a laissé le temps d'une longue pause en attendant que le versant W de Bellefont gagne un peu en velouté. Et bingo ! Skiez, skiez, ne prenez pas de peine, c'est Bellefont qui manque le moins. Et ceci jusqu'à la cabane. A partir de là, skis sur le sac, on imite les chamois qui se vengent en nous lapidant. Les marmottes rigolent.
Au col de la Saulce, dernière (bonne) surprise : neige tout à fait correcte dans la forêt clairsemée, quelques mini-déchaussages et glissades jusqu'à très exactement 8mn de la voiture. Là deux blondes encore fraîches, descendues expressément d'une brasserie de Miribel les Echelles, nous attendaient. Aurions-nous pu clore mieux que cela une saison chartrousine hors norme ? La réponse est clairement NON !
Les Lances printanières, c'est la wilderness pure. We are born to be wild, n'est-ce pas Bastien ?
Et comme Marie de France, je confie (à la Chartreuse) :
Belle Amie, si est de nous
Ni vous sans moi, ni moi de vous
* titre emprunté à Italo Calvino "Se una notta d'inverno un viaggiatore" (Si par une nuit d'hiver un voyageur)