Départ : Le Grand Thiervoz (Le Cley) (998 m)
Topo associé : Col de la Valloire, versant SW
Sommet associé : Col de la Valloire (2751 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 4065 m.
Ski : 2.2
Sortie du lundi 5 avril 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand Beau les 3 jours, très froid le matin dans la Combe du Pra
Etat de la route : RAS
Altitude du parking :
J1 : 998m
J2 : 1443m
J3 : 1050m
Altitude de chaussage (montée) : J1 :1650m - J2 :1500m - J3 : 1550m
Altitude de déchaussage (descente) : idem
Activité avalancheuse observée : RAS pendant les courses
J1 et J3 : neige parfaitement revenue (aurait encore gagné à être descendu 1/2h plus tard en J3) , aucunement trafolée, impeccable jusqu'au déchaussage
J2 : très bon ski jusqu'au déchaussage mais très très trafolé
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec en J2 : Antoine, Caroline, François et Théophile
J1 - Col de la Valloire versant SW - J2 - Cime de la Jasse par la Combe du Pra - J3 - Vallon de l'Arpette
ou finir (?) avril dans la quintessence de Belledonne
J1 – Col de la Valloire (2751m) versant SW – D+ 1755m – 2.3
Si vous n'êtes pas celui qui part avant que la délicate Eos n'ouvre les yeux, vous ne serez jamais celui dont un fil arachnéen caressera la joue, celui dont la rosée éclaboussera la cheville encore sommeillante, celui que la biche ne craindra pas car elle vous saura des siens.
Si vous n'êtes pas celui que les flèches dorées cueillent au-delà de la limite arborée, vous ne saurez jamais ce qu'est l'épuisement d'une nuit
Si vous n'êtes pas celui qui arrête de se poser des questions sur des faits sur lesquels il n'a aucune emprise, vous ne libérez pas l'esprit pour l'enchantement.
Où sera la neige ? Faudra-t-il porter longtemps ? Quelle importance ? Pendant ce temps, le coq roucoule.
Dans quel état sera le Ruisseau Perdu ? Bien sûr, si vous glissez ici, il y a de bonnes chances que ce ne soit pas que le Ruisseau qui soit perdu. Quelle importance ? Vous avez vos crampons au cas où et vous savez sonder les ponts de neige. Pendant ce temps, l'aube pointe.
Si vous n'êtes pas celui qui monte de lac en lac - le Blanc, le Noir, le Glacé – sans voir passer les heures et sans méconnaître son bonheur, je vous plains. Sincèrement ;
Mais
Si vous êtes celui qui connaît la griserie du ski sur le velours d'avril, vous savez ce qui m'est arrivé.
Intermède
Le gîte est trouvé au bord du Bréda, un gîte dans les taillis, sur une litière de feuilles comme trouvent les bêtes des bois. Le Bréda, fougueux comme un amant de printemps, ne dort pas de la nuit. Moi, si.
J2 – Cime de la Jasse par la Combe du Pra -(2478m) – D+ 1040m – 3.3
Autre jour, autre ambiance. La famille S. presque au complet est de la partie. J'ai essayé de leur vendre du sauvage mais avec portage. Le produit me reste sur les bras. Pas grave : demain est un autre jour. Antoine veut sa Belle Etoile, il insiste tant que son pseudo est tout trouvé s'il veut bien contribuer un jour comme son petit frère Théophile (alias Lagoski). Il sera Idéfix. Mais non, pas de Belle Etoile un jour d'affluence et sans poudre garantie ! D'après ce qu'on a lu, la Jasse par la Combe du Pra, ça devrait le faire. Théo ne dit rien. Pour lui, pourvu qu'il y ait du ski et des mésanges nonnettes. Sans compter 2 biches sur la route du retour. Moi, je laisse tout le reliquat d'énergie que m'a laissé la Grde Valloire à faire ces ignobles conversions dans la neige trafolée et durcie méchant. Mais la descente à l'heure idoine (pendant que de malheureux tardifs sont loin d'en avoir fini) effacera ce désagrément passager ; une fois de plus, mes amis auront fait preuve d'une remarquable patience. Invitation au thé à mon campement.
Intermède
Le Bréda n'a rien perdu de sa fougue, une première nuit avec lui n'a pas laissé de séquelles irréversibles, la seconde fera de nous comme un vieux couple dont l'un dort à poings fermés et l'autre pas. C'est se quitter dans le matin glacé qui est le plus dur.
J3 – Vallon de l'Arpette (2200m) – D+ 1270m – 2.2
Pour tout dire, c'est une sortie de Julbont du 17/1/2016 qui m'a laissée fascinée. Et toujours, je me suis promis d'aller au moins jusqu'à la Crête du Chien. Bien sûr, entre une sortie de janvier et une d'avril, l'ambiance n'est plus du tout la même. Qu'importe, je ne veux plus remettre trop de choses à un hypothétique « plus tard ». Je m'y attendais un peu : le Chien a été victime d'une pelade en bonne et due forme, la Grde Roche est touchée aussi, quoique dans une moindre mesure. Reste le Passage Odru, trop dur pour moi aujourd'hui et raviné de coulées. Alors, je vise le Pluviomètre à 2060m et m'en félicite. Perché quelques 600m au-dessus du Premier Chalet de la Combe Madame qu'un fil à plomb raterai de peu, la vue sur le secteur du Rocher Blanc et aussi sur le Rocher d'Arguile est unique. Je redescend de 150m jusque dans le creux du ruisseau de l'Arpette. Et remonte direction la Grde Roche. Je m'arrêterai à 2200m après avoir rencontré 2 chamois sympathiques et un skieur qui ne l'était pas moins.Descente grisante non stop sur une neige à peine revenue jusqu'à l'entrée de la forêt. A refaire sans modération.
Et maintenant ? Y a-t-il un médecin dans la salle ? J'ai besoin d'un certificat médical à présenter à la maréchaussée et que vous rédigerez de votre plus belle plume ou de vos pattes de mouches habituelles, c'est vous qui voyez. Je vous souffle le libellé :
Je soussigné, bla bla bla certifie :
« Ma patiente, d'ailleurs plus impatiente que patiente, voire irascible, est une personne de caractère difficile, droguée au plus haut degré, qui a ABSOLUMENT besoin de ses doses hebdomadaires de ski de randonnée, faute de quoi ses jours ne sont peut-être pas en danger mais ceux des malheureux qui auront la déveine de passer à côté d'elle, si ! La pandémie est déjà une catastrophe, alors n'en provoquez pas une autre par votre intransigeance »
*Avril Brisé : référence à l'oeuvre d'Ismail Kadaré, une histoire poignante de « prix du sang » dans les montagnes d'Albanie