Départ : Chartreuse de Curière (853 m)
Topo associé : Grande Sure, Par le Col de la Charmille
Sommet associé : Grande Sure (1920 m)
Orientation : N
Dénivelé : 1565 m.
Ski : 2.2
Sortie du vendredi 26 mars 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Temps printanier d'une douceur qui réjouit tous les niais présentateurs météo et désespère le skieur. Quelques voiles d'altitude. Quelques rafales de vent aussi.Etat de la route : RAS mais de plus en plus de nids de poule à Curière à cause de la surfréquentation (ça va bientôt se calmer)
Altitude du parking : 853m
Altitude de chaussage (montée) : 853m mais on déchante (et déchausse) vite : à l'entrée du 1er tunnel comme d'hab mais on ne rechausse qu'environ 150m après le 2e tunnel
Altitude de déchaussage (descente) : idem
Activité avalancheuse observée : qq escargots dans la pente E de la Grde Sure, sinon RAS
Etat de la neige déplorable. Seule partie agréable à skier : la descente du col de la Charmille sur la Prairie de la Sure.
Descente au fond du Ruisseau de Chorolant délicate, rocher émergent, traces regelées en surface.
Ensuite neige molle ++++, requins en face E de la Grde Sure.
Pas de la Biche encore bien rempli mais neige collante (si on s'arrête, faut s'arracher). En forêt, agréable quand on trouve encore de la neige intouchée mais lourde +++ (même pas songé à couper les virages dans ces conditions).
Chemin encore bien enneigé jusqu'au dernier virage avant le plat.
Skiabilité : 😟 Médiocre
Compte rendu (par taramont)
Curière - Col des Charmilles - Cul de Lampe - Ruisseau de Chorolant - Prairie de Chorolant - Crête de la Sure - Sommet - Col de la Sure - Col de la Petite Vache - Petite Vache - Pas de la Biche - Curière
J'avais dans ma tête un récit tout poétique, vous savez le genre de choses qui énerve certains, mais ça ne va pas. Il y a des jours comme ça.
Mais non, j'ai préféré vous raconter la vérité vraie, celle que vous pouvez croire les yeux fermés, surtout fermés.
En réalité oui, tout ceci est de la faute de cet espion, influenceur de toutes les marques les plus bling-bling, qui a sévi récemment en Helvétie. Personne ne soupçonne qu'il a une homologue en Chartreuse occidentale (également appelée Chartreuse des bouseux), simple influenceuse de parking, mais rien moins que réincarnation de Mata Hari, oui, oui, celle qui a si mal fini.
Et aujourd'hui, Mata Hari était en mission. Pas seule. Pas avec un xème soupirant mais avec un compagnon de grande valeur au précieux jarret traceur.
Sur le parking de Curière, les yeux encore ensommeillés d'une nuit dont on ne dira rien, elle se souvint de ses dernières paroles « Quelle étrange coutume que d' exécuter les gens à l'aube » mais se saisit quand même de ses skis et de tout le tralala pour aller là où sa mission l'appelait.
En fait, vénale comme on l'a connue, elle avait accepté deux missions simultanées. L'une confiée par le boss de Skitour, l'autre par le président d'une vague société de chasse.
Évacuons déjà la seconde, tout à fait accessoire, mais mieux payée que la première. Avant de lancer ses sbires dans la nature, le président voulait que lui soit apporté la preuve de sa croyance à savoir que les vents de sable du mois de février avaient fait pleuvoir sur cette bonne Chartreuse, outre du sable étranger, quelques spécimens de fennecs dont la prolifération serait une menace pour la faune locale déjà bien assez menacée par lui-même.
Mata Hari vit un chamois sauter sur le Cul de Lampe, une souris déguerpir sur la neige, un agneau sous forme de tunnel, une petite vache et une grande vache sous forme d'éminences remarquables, une biche au Pas suspendu, quelques chocards goinfres et ce fut bien tout. Pourtant, consciencieusement, elle signala une crotte de renard bien en évidence dans la prairie de Chorolant mais laissa au président le soin de déterminer qui du fennec ou du goupil bien de chez nous avait laissé trace.
La première mission était déjà plus sérieuse, quoique plus mal payée. Il s'agissait d'emprunter peu ou prou l'itinéraire du trio Thierry/J. Hubert/Michel qui avaient traversé la Grde Sure, pas plus tard que mercredi dernier, par une voie de grande audace. Pour quoi faire refaire ce qui a été fait si brillamment vous demanderez-vous ? Eh bien, pour voir si la trace était belle et bonne, bref digne d'un skitourien de haut rang. La mission était délicate car si la Grde Sure c'est le Paradis, ce n'est quand même pas les Champs Élysées où la chaussée est toujours nickel. Non ici, tout change, rien ne se crée mais tout se modifie en l'espace de quelques heures, alors 2 jours, vous pensez !
Mata Hari et son compagnon acceptèrent malgré tout la mission. Dès le départ, ils surent que rien ne leur serait épargné : la neige qui se fait rare au début de la piste, les tunnels qui ruissellent, les fronts itou et un magma infâme à fendre comme les flots bleus des mers chaudes infestées de requins. Un peu au-dessus de la Salle à Manger, ils rencontrèrent un skieur, déjà descendu de la Sure puisqu'il avait passé la nuit - et renoncé à la grasse matinée - à la cabane de Jusson*. Ce skieur/contributeur a parlé ce jour-même du duo en mission d'une façon, disons, totalement inventive : il a parlé d'un « couple de retraités sympathiques ». Ok, Mata Hari admet l'adjectif, ça lui rappelle que c'est justement l'encre sympathique qui l'a perdue. Mais en vertu de quoi a-t-il pu penser qu'ils étaient retraités ? Le bonnet de laine à la place du casque sportivement correct ? L'absence de go pro et de drone ? Et pire encore : un couple !!! C'est quoi ça ? Ça se mange ? Ici, c'est comme au lavoir, ça cause, ça cause et ce que ça ne sait pas ça l'invente. Enfin, passons, il était sympa quand même ce jeune homme.
Mais si je m'arrête à tous les détails, je ne finirai pas avant point d'heure.
Sachez quand même qu'il y eut le bain de lumière au col des Charmilles (1er éblouissement), la Prairie de la Sure toujours aussi éclatante (2e éblouissement), la descente délicate jusqu'au fond du ruisseau de Chorolant, la belle hêtraie en rive G de la combe à remonter jusqu'à la Prairie de Chorolant (3e éblouissement), une jolie-rude pente (qu'on ne peut pas vraiment appeler « couloir ») qui vous mène en quelques marches béton sur la crête de la Sure (4e éblouissement), un cheminement de Crête de toute beauté jusqu'à la Croix.
.Oui, nous pouvons dire trois fois oui : sur le trajet commun, le trio a signé une trace parfaite, intelligente, fonctionnelle, voire même esthétique, qui nous a bien servi. Qu'ils en soient chaleureusement remerciés. Sur le choix de venir par None, c'était peut-être le bon mercredi mais pas aujourd'hui sinon on aurait raté les seuls 100m de bonne neige. Sur le choix de descendre par la combe de l'antécime : au regard de la qualité de la neige, ils avaient sans doute raison, au regard de la préservation de leurs semelles ils n'avaient sans doute pas tort. Mais sans sommet, où est le panache ? Et Mata Hari1 a été fusillée avec panache, les semelles de Mata Hari2 le seront avec panache aussi. D'ailleurs, le tireur (euh le traceur) était prêt au coup fatal (euh final), il n'y avait pas à discuter.
Mission accomplie, il ne resta alors à nos espions en neige plus qu'à se laisser glisser sans sombrer jusque sous le col de la Petite Vache, le remonter puis continuer jusqu'au sommet (5e éblouissement). Ensuite, toujours glisser sans se noyer dans le ventre de la Biche jusqu'à la Salle à Manger, puis sur terrain plus ferme jusqu'au bout du voyage.
Mata Hari ne sera pas fusillée ce soir, mais elle ne tient malgré tout plus bien debout. Merci à son compagnon du jour sans lequel cette mission n'aurait pas pu être aussi brillamment remplie. En résumé : neige m..dique, journée magnifique. Que Mata Hari soit réhabilitée.
*je ne taquinerai plus les chasseurs, promis, ce sont eux qui ont construit et qui entretiennent parfaitement cette cabane qui sert l'été au berger et qui est hors saison en accès libre