Départ : Chartreuse de Curière (853 m)
Topo associé : Charmant Som, au départ de Curière
Sommet associé : Charmant Som (1867 m)
Orientation : N
Dénivelé : 1050 m.
Ski : 2.1
Sortie du jeudi 18 mars 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Giboulées et giboulées (de neige). Plutôt frais mais c'est l'humidité qui veut ça (on est en Chartreuse, pardi !) Vent uniquement à la sortie de la Cochette.
Au retour, il bruinait à Curière mais à St Laurent du Pont, c'était de nouveau de la neige mouilléeEtat de la route : enneigée après les premiers virages de la montée, déneigée au retour
Altitude du parking : 853mAltitude de chaussage (montée) : 853m
Altitude de déchaussage (descente) : idem
Activité avalancheuse observée : ça a coulé en surface dans la descente de la Cochette, sinon RAS. Si le soleil paraît, les dalles entre les 2 premiers tunnels déchargeront.
Généralement, 15-20 cm de neige fraiche assez légère reposant sur un fond ferme. Des accumulations importantes en versant W de la Cochette. Suis pas allée voir en E. Toutes les descentes, un régal. On ne touche absolument rien, même pas terre. Seuls les tunnels ne sont pas skiables. Ne pas mettre 5* serait malhonnête.
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu
identique au topo avec un A/R au col de la Cochette et l'impasse sur le sommet
Entre Laudes et Tierce, me voici longeant de grands murs où s'abritent des secrets moins éventés que ceux des randonneurs non partageurs auxquels je cite la sentence du cadran solaire des Rubins à Sallanches : « Ta nuit sera longue, partage le soleil !». Pour le moment, aucun soleil à partager et c'est tout aussi bien. Ici, voisinent les moniales du Monastère du Buisson Ardent ( ! ont-elles réfléchi avant de décider d'une telle appellation ?) et les moines de l'Assomption-Notre-Dame. Voisinage a priori paisible. Une personne non renseignée ou ayant de mauvaises idées dirait que ça sent le soufre. Exact, mais c'est juste Vicat en contrebas qui continue de vider notre montagne de son excellent calcaire pour que le bétonnage puisse continuer....
Comme chaque fois, j'hésite longuement devant la porte du couvent* des moniales : entrer et solliciter une admission ou partir en excursion ? Comme chaque fois, je renonce à une vie meilleure, je renonce au renoncement....au ski. Comme mortification, je m'inflige de passer sous la dalle chargée de neige récente et semblant dire « plus dure sera la chute », trois tunnels dont le premier, long comme un jour sans pain (270m) mériterait un coup de balai aussi bien que mon chez moi. A ces épreuves, j'ajoute 6,5 km de RF pleine de menaces en tous genres : parapets absents, bords croulants, arbres chancelants, rameaux encombrants, mouflons chargeant. A la fin de tout ça, j'estime que mortification supplémentaire serait péché d'orgueil, je tourne la page, la laisse blanche de l'autre côté pour le probable (et souhaitable) retour et j'ouvre la page plaisir.
Tiens, si j'allais voir comment le col de la Cochette a résisté à cet infernal yoyo de saisons ? La petite pente sera un bon dérivatif aux premiers km de la route. Connaissant ma sportivité limitée au minimum syndical, la Cochette s'est faite aussi courte que raide. N'y allez pas spécialement pour la vue, elle n'est ni imprenable, ni prenable, elle est déjà prise et des deux côtés....Et dire que j'en suis éprise ! Si vous regardez vers l'E, vous avez d'austères falaises à D comme à G, une hêtraie pentue au fond et dans la mince échancrure la vue sur le même genre d'articles, sauf que si vous vous tournez vers l'W, vous verrez aussi votre laborieux zigzag et la courte pente dans laquelle vous êtes censé vous jeter. Vous faites alors un signe de croix par habitude, superstition ou conviction – à vous de voir – et vous y allez car la journée n'est pas finie. En fait, ce coup-ci, la montée fut un vrai labeur - avec de la neige jusqu'à mi-cuisse (cuisses de cigogne et non de moineau, je précise) car il m'a été impossible de garder les skis aux pieds - et la descente, comme d'autres moments dans la vie, un court bonheur.
La partie entre le dépôt de bois du Four et la Charmette est bucolique : on longe les jolis méandres de la Tenaison et sa chute irrémédiable.
Ce n'est qu'au moment de rejoindre la crête de l'Oratoire d'Orgeval que je rencontrai les premiers vivants en même temps que la 2e éclaircie fugace. Ah, il y a donc encore des humains en ce monde ? Je n'arrive pas à savoir si j'ai été soulagée ou déçue. Quoiqu'il en soit, ceux-ci étaient souriants et aimables : un groupe de 4, 2 solitaires.
Heureusement que cette seconde descente était sensiblement plus longue que celle de la Cochette ! J'y ai pris un égal plaisir et même le retour « route » avec ses quelques sections pousse-bâton et sous les giboulées participa au bonheur du jour.
A None, j'étais au parking c.à.d. à l'intersection de la route de la Charmette et du Belvédère de.....None. Que les choses sont bien faites !
*Couvent : lieu de recueillement pour les femmes qui aspirent à méditer dans la paix sur le vice de l'oisiveté
Cette définition n'est pas de moi mais du très sagace Ambrose Bierce qui, s'il devait l'écrire aujourd'hui plutôt qu'en 1911, préciserait peut-être que ces institutions ne recrutent plus que parmi les femmes qui n'ont pas eu pour vocation le ski de randonnée.