Départ : Val Pelens (1600 m)
Topo associé : Sommet de la Frema, De Val Pelens par le Juarés
Sommet associé : Sommet de la Frema (2747 m)
Orientation : SE
Dénivelé : 8130 m.
Ski : 4.2
Sortie du samedi 13 mars 2021
Phil'Ô, flyben747, le sanglier, pistache, skiroad, toun06
Conditions nivologiques, accès & météo
J1 à J3 beau et frais.
J4 à J6 vent et ciel voilé le J4
Etat de la route : RAS
Altitude du parking : Voir descriptif
On a été vernis. Lundi soir 10 à 15 (suivant l'alt.) cm de neige fraiche sans vent sont venus enchanter notre séjour.
Sinon, jeudi neige très lourde et collante.
Vendredi et Samedi, neige typique de conditions printanières, croutées en Nord et moquette en Sud.
Altitude de chaussage (montée) :
Altitude de déchaussage (descente) :
Activité avalancheuse observée : Rien vu de la semaine. Entre Valloar et Braissa une petite plaque de 10 cm d'épaisseur sans grande envergure s'est déclenchée naturellement la veille de notre passage.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par Phil'Ô)
Voir descriptifs de chaque journée
Prologue
Après bien des tergiversations, liées aux dispos des uns et des autres et surtout à la météo pas très engageante pour la semaine, nous partons malgré tout à 3 pour un raid dans le Haut-Var. L'inconnue restant l'état du manteau neigeux dans ce secteur, qui est remonté aussi vite que les températures de la semaine qui a précédé notre départ.
Jour 1 : Lundi 8 mars : Cime de Fourchias D+ 1180 m. Montée par le couloir de Ciaboure et descente par le ravin du Clot.
Trace GPX
Premier jour, on vouler aller au St Honorat mais plus assez de neige alors on va faire un sommet proche. Bon, l'approche n'est pas commode malgré des prés encore enneigés, la forêt est toute sèche. On a du mal à rejoindre le ravin (plus assez de neige) alors on remonte sa RG pour tenter de trouver une faiblesse... et on y arrive après plus d'1/2 heure de sanglier. Enfin on met les skis... on dépasse le couloir skié récemment par Ferski et on continue pour voir ce qu'il y a au fond du ravin... Un beau couloir nous appelle... On va voir s'il sort ou pas. Le début de la remontée est skis aux pieds, puis crampons quand ça passe dans le 40° mais après un petit coude, on voit qu'il ne sort pas... On bascule sur la RG du couloir pour rejoindre un autre qui a l'air de sortir... mais je préfère remettre les skis dans la forêt qui le jouxte... on a brassé dans le haut du couloir et on pense que c'est plus safe. La forêt débouche sur l'arête... on a plus qu'à grimper jusqu'au sommet (dégarni sur ses 20 derniers mètres). Mais le temps se voile (annonciateur de notre cadeau pour les 2 jours à venir). On attaque la descente rapidos mais on décide d'aller voir le fond du vallon qui avait l'air de passer depuis le pied du couloir.
Superbes virages dans une neige encore froide jusqu'au goulet. Deux courts passages en glace, mais expo et sans contournement possible... Ben va passer en force, Patric et moi mettons les crampons. On fini notre périple sous les premiers flocons.
Jour 2 : Mardi 9 mars : Sommet de la Frema et Clot de l'Aï D+ 1600 m.
Trace GPX
Il a neigé toute la nuit, env 10 à 15 cm de neige fraiche et le ciel est bleu lorsque nous ouvrons les yeux à l'auberge de Val Pelens.
On attaque par la route du Col des Champs puis on prend pieds dans le vaste cirque du Juarés. On trace dans 10 de fraiche sur fond dur... le rêve quoi ! Les pentes de ce cirque sont relevées et Ben qui souffre encore de sa fracture faite l'an dernier dans l'avalanche de Sanguineitte préfère nous attendre alors qu'on quitte les skis pour les crampons. La pente se redresse... je mesure 38, puis 42 et même 43 ° dans le passage clé qui donne accès à la crête. Mais la neige ne repose plus sur un fond dur. La croute de neige sabloneuse est friable et repose sur du gros sel. Autant dire que d'une part ça pue et d'autre part, seul le premier réussit à passer malgré un brassage jusqu'aux hanches. Etant second, je tente par tous les moyens de grimper mais à mesure que je m'agite, je m'enfonce de plus en plus avec un mur à franchir qui m'arrivait aux pectoraux... Je renonce et attaque ma descente pendant que Patric va sortir le sommet, le plus dur étant passé pour lui.
Comment décrire cette descente ? Orgasmique ??? 400 m de fraiche sur fond dur sur plus de 400 m à 35° de moyenne... Un régal. Patric qui a sorti le sommet nous rejoint skis aux pieds. Il contourne le mur de tranchée que j'ai fait et se fait secouer sur une petite plaque qu'il a déclanché... mais rapidement il retrouve l'équilibre, il laisse passer la coulée et nous rejoint la banane aux lèvres. La suite de la descente sera du même tonneau lorsqu'on croise le sentier du Clot de l'Aï. Il est encore tôt et Benoit trace pour aller voir ce magnifique cirque. Pas moins de 40 chamois nous accueillent. Mais le vent se lève apportant un voile nuageux peu amical. On file retrouver la voiture en profitant de chaque virage. Final sur l'ancienne piste rouge (il y a encore les panneaux) jusqu'à la route.
Jour 3 : Mercredi 10 mars : Puy du Pas Roubinous et bonus dans Juarte D+ 1530 m.
Trace GPX
Doume nous rejoint pour ce 3° jour. C'est l'avantage d'être proche de chez nous. RDV à Sussis d'où nous grimpons le raide Bois de Jouarte avec peu de neige fraiche. Lorsqu'on sort au niveau du couloir Nord, la face est même inskiable car la neige est discontinue et peu consistante sur cette croupe à 35° qui a pris le vent tout l'hiver ! Ben va nous garder les skis pendant que nous sortons le sommet en crampons. Une fois au sommet, super panorama mais le vent s'est levé et on ne tarde pas. Dans la redescente, nous allons avoir la peur de notre vie... Brusquement un bruit énorme, comme une explosion... en une fraction de seconde Doume s'assoit dans la neige, Patric et moi restons interdits... lorsqu'on voit un mirage 2000 faire un virage serré juste là devant nous... Il était légèrement en dessous de nous à moins de 50 m de distance. Le temps de réaliser, il était déjà dans le département voisin. Quelle frousse !
Remis de nos émotions nous rejoignons Ben. Nous descendons jusqu'au départ du couloir où une neige de cinéma nous attend. Un régal, car le couloir est régulier (estimation à 35°) large et vierge de traces. On va hurler de plaisir jusqu'au bas du couloir et même plus bas encore. On décide de repauter et de remonter pour refaire une descente. La partie orientée Nord du Bois de Jouarte a gardé une neige fraiche elle aussi. Au final, au lieu d'un deuxième couloir, la deuxième dose sera dans le Bois !
Quel régal. On va même réussir à skier (moyennant quelques passages sioux) jusqu'à Sussis...
Jour 4 : Jeudi 11 mars : Roche Grande : D+ 1100 m.
Trace GPX
Aujourd'hui nous changeons de secteur et grimpons jusqu'au fond de la Vallée du Var. Estenc nous reçoit mais pas avec les meilleurs atouts. Il a fait chaud dans la nuit (6° au départ de Val Pelens) le ciel est chargé et il vente fort. Bon, vu qu'on est pas là pour acheter du terrain, je demande à mes copains s'ils seraient d'accord pour faire Roche Grande que j'ai toujours voulu faire mais qui n'était jamais assez long pour justifier une sortie. C'est donc parti. On remonte le vallon de l'Estrop qui est peu enneigé mais sans avoir à déchausser. Rapidement nous bottons... et pas qu'un peu ! Un vrai paquet de colle sous chaque ski ! Ca va nous faire les cuisses vu que le D+ est faible aujourd'hui. Surtout dans la grande pende d'accès à la combe suspendue de Chateauvieux... La neige était déjà limite soupe à 9h30 du matin !!! Après plusieurs relais, nous arrivons enfin dans cette magnifique combe suspendue... Bon peu de neige là encore, mais on va réussir à grimper jusqu'à 2550 m. La suite sera faite à pieds... On est allé le plus haut possible... c'est à dire 3 m sous le sommet car ensuite c'est de l'escalade sur rocher. Superbe vue, on voit les sommets skiés les jours précédents. On retourne sous les rafales à plus de 75 km/h aux skis. On ira manger au pied du petit couloir donnant sur la vaste pente d'accès. Fait pas trop froid, et le sandwich passe bien. La grande pente est limite soupe (encore) et les cuisses vont chauffer. Malgré tout, ça reste skiable. On fini à la voiture à 13h00... Bien tôt mais que faire d'autre que d'aller s'enfiler des binouses à la Cantonnière.
Jour 5 : Vendredi 12 mars : Tour de la Tête des Garrets : D+ 1400 m.
Trace GPX
Nous avons un invité surprise : skiroad nous a rejoint pour les 2 jours à venir. Nous étions partis pour faire le Pelat, mais le vent extrêmement violent qui nous bouscule nous fera revoir nos plans. On franchit la Petite Cayolle et entamons une longue descente jusque sous le Lac d'Allos. Heureusement, au Lac nous serons un peu à l’abri pour le déjeuner d'autant que les nuages qui voilaient le ciel se déchirent par moments, laissant passer des rayons de soleil bienfaiteurs. Nous rejoignons le Pas du Lausson via un raidillon pas commode. Pas un pet de neige sur cette crête ventilée. L'envie de sortir le sommet des Garrets a disparut comme la neige sous le sommet et à l'entrée du couloir donnant accès au ravin de Fournés. Heureusement que la neige était agréable à skier, du moins les veines de neige fraiche qui restaient posées sur la croute ocre durcie par le gel. On va, moyennant quelques gratonnages, réussir à skier jusqu'à Estenc. Encore une au compteur...
Jour 6 : Samedi 13 mars : Tour de Sanguinières : D+ 1300 m.
Trace GPX
Dernier jour dans le Haut Var... Toujours ce fichu vent et une baisse des T° affolante ! La neige est béton et restera béton durant toute la montée à la Baisse du Gias Vieux. Le départ du couloir est pelé et on doit descendre quelques mètres pour prendre pieds dans le couloir. La neige est dure ou croutée suivant qu'on skie sur du lisse ou de la frisée (ah, la fameuse frisée du Mercantour !). Enfin, ce ne sera pas la descente du siècle ! On repaute pour franchir le Col de Petit Valloar... A nouveau on se fait brasser par le vent... et le col est lui aussi pelé ! Même punition pour la descente de Valloar sur Braisse. Heureusement que le vallon de Braïsse nous offrira un abri relatif du vent. On va pouvoir grignoter avant d'attaquer la remontée au Col, puis la traversée sur le Col de Sanguinière. Heureusement, sous le Col la descente va nous offrir de belles courbes dans une neige parfois à peine transfo et parfois dure mais avec un bon grip. Final sur le sentier toujours aussi rigolo (ou longuet pour ceux qui n'aiment pas... perso j'adore). On arrive skis aux pieds au ref de la Cantonnière pour une dernière binouse. Fin du Raid dans ce magnifique coin reculé du 06 et du Mercantour.
Épilogue
On a très bien fait de maintenir les dates de ce raid. D'une part pour les 3 premiers jours de rêve en terme de qualité de neige, mais aussi pour les paysages sauvages que sait offrir ce beau massif du Mercantour.