Départ : les Pras (Ste Anne la Condamine) (1690 m)
Topo associé : Grand Parpaillon, directe SE en boucle
Sommet associé : Grand Parpaillon (2990 m)
Orientation : SE
Dénivelé : 1600 m.
Ski : 4.3
Sortie du jeudi 25 février 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau.
Doux, -1° au départAltitude du parking :
chapelle Sainte AnneChaussage bien sûr à la voiture (route du Parpaillon)
Bon regel de surface. Flaques d'eau gelées au parking.
Activité avalancheuse observée : plaque humide déclenchée (voir récit) en S - SE
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par pol)
Chapelle Ste Anne - Gd Parpaillon pt 2903 - descente par l'épaule jusque vers 2300 - Petit Parpaillon - qq virages en S/SE et AVALANCHE
Manu est de retour pour peaufiner sa connaissance de l'Ubaye !
Direction le Parpaillon avec plusieurs ides en tête.
L'espoir du couloir Sud de Grande Combe est vite mis au rebut en passant devant : enneigement très très limite.
Direction le Grand Parpaillon par l'épaule E - SE.
On arrive au pt 2903 vers 10h30. Hésitations à poursuivre au sommet sur cette arête peu skiante, basculer dans le couloir SE... De plus la neige dans la petite traversée n'inspire pas trop confiance (à pied on traverse parfois jusqu'au sol).
On choisi de descendre sous l'arête de la montée, on se régale en transfo.
Pause sur herbe sur un replat vers 2350m, casse-croûte et bonnes déconnades.
Remontée au Petit Parpaillon, l'épaule E - NE semble encore en neige froide tassée. C'est le cas et on évite la zone froide car ça botte. Encore une bonne pause rigolades et description de paysage au sommet. On part profiter à nouveau de la transfo. A poils mi-longs, le fond est bien dur et portant.
Je déclenche au bout de 4 ou 5 virages une plaque de 20 à 30m de large qui se détache en aval à 20m sous moi et reste de bloc un certain temps : la première impression est celle, étrange, de skier sur un référentiel qui se met en mouvement. Un regard en haut, je vois que ça casse sous Manu resté derrière, Alex juste à côté de la cassure. Encore debout, "meeeeerde !", je déclenche rapidement l'airbag puis c'est parti. Je perds vite skis et bâtons (ni dragonnes ni lanières), prends de la vitesse, tourne dans tous les sens, vois des blocs passer, subis des chocs, ressens des envols, rebonds, accélérations, ça ralentit, re-accélère, ralentit, un court moment je commence à avoir de la neige devant que je pousse mais jamais oppressé. A l'arrêt, un peu tordu, j'ai juste les pieds pris dans la coulée que je sors "facilement".
Alex et Manu sont en haut, ouf. Eux aussi auront subi un gros choc en suivant la coulée des yeux. Ils ne savent quoi faire, le terrain est dévasté, champs de mines rocheuses puis de boulettes ; passer à côté pourrait déclencher d'autres coulées et provoquer un sur-accident.
On arrive à communiquer en criant, malgré la distance on s'entend assez bien. Je leur dit d'appeler les secours, pensant que je ne capterai pas mieux qu'eux. En fait si, et ils auront de mes nouvelles par les secours : je ne sens rien de cassé, ai l'impression d'être tordu au niveau du bassin, ai mal à pas mal d'endroits et surtout aux bas des jambes dans les chaussures.
Les secours Digne - Jausiers nous récupèrent en deux temps, puis m'emmènent aux urgences de Digne. Un grand MERCI à eux bien évidemment ! On se sent penauds mais tellement heureux d'être tous 3 en vie et d'avoir la chance d'une évacuation facile et rapide !
Après contrôles et radios, je rentre le soir. Rien de cassé, hématomes probables aux mollets, des douleurs ici et là et un bassin tordu.
Les jours suivants on prend le temps de décompresser, vivre, simplement, au ralentis, souvent ensemble et ça c'était super !
--
* Ce qu'on en retiendra :
- merci au sac airbag, au non port de dragonnes et de lanières
- un manque de décision définitive claire (et d'analyse qui va avec) en haut ou même plutôt avant la pause casse-croûte, suite à des idées lancées en l'air (on va là on fait ci ou ça et puis ça...) ; on partage tous 3 la responsabilité à part égale
- la nécessité de définir un référent qui pense à faire le point, lancer un questionnement et process d'analyse et décision dans des moments clés définis à l'avance ?
- et vive la vie !
* Sur les conditions de neige :
- cela semble être une plaque de neige humide parties sous une transfo revenue non traversante
- le sol était boueux après la coulée : comme dit la veille lors de la préparation de la course, gros doux depuis plusieurs jours (8 à 10 !!), malgré des regels corrects en surface, la chaleur pénètre de jour en jour
- la cassure fait environ 50cm
- une couche de neige sans cohésion chaude (cristaux genre gobelets mouillés ?) présente dans cette orientation S - SE (qui doit dater des premières neiges de décembre?) alors qu'on n'y aurait pas pensé : on est tous conscients qu'une telle couche existe depuis fin octobre en orientation NE à NO mais beaucoup moins dans les versants ensoleillés qui avaient séché avant le début de l'enneigement en décembre
- bien sûr on était trop tard (13h) dans cette face, qui n'était a priori pas au programme ; on a lézardé deux fois trop longtemps
PS : à qui passerait au printemps et trouverait mes skis et ou bâtons : merci d'avance ! Sinon j'y ferait probablement un tour à l'été.