Départ : Bayasse (1790 m)
Topo associé : Cime de la Plate, boucle Nord/Sud
Sommet associé : Cime de la Plate (2770 m)
Orientation : T
Dénivelé : 980 m.
Ski : 2.2
Sortie du jeudi 25 février 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau, ciel lumineux, très peu de vent, température agréableEtat de la route : Bcp de cailloux et stalactites de glace jonchent la route
Altitude du parking : 1830 (les Cordiers)
Altitude de chaussage (montée) : 1850m
Altitude de déchaussage (descente) : 1800m
Activité avalancheuse observée : une coulée versant E au-dessus des lacs de la Braissette - autres coulées en rive D du vallon de la Sanguinière
Neige en cours de transformation en versant N, peu intéressante pour une descente.
Neige de printemps en versant S, molle sans trop.
Quelques cailloux et rochers émergents sur la crête.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Bayasse (les Cordiers) - Cabane de Moutière - Baisse de la Plate - Cime de la Plate - Col de la Cime de la Plate - Vallon de Sanguinière - Bayasse
J'ai lu quelque part que la Chartreuse était en fleurs. Je ne contredirai pas mais celui qui a dit ceci a voulu vous ménager : il n'a pas tout dit. Pâquerettes, coucous, nivéoles, hellébores, chatons de noisetiers dansent la ronde. Crocus, violettes et pervenches rivalisent de mauve, les jonquilles resquillent et l'arum d'Italie n'a fait aucun test avant de se pointer. Voilà, c'est dit, je ne suis pas du genre à ménager qui que ce soit. Mais, hors de question d'encourager cette exubérance insouciante et inappropriée ! C'est comme si chacun prenait ses aises au Paradis avant que le jugement dernier n'ait eu lieu.
Aussi, ai-je pris la décision de me rendre dans des sphères plus hautes aux confins de l'Ubaye et aux portes du Mercantour. Route de la Cayolle : le crux de la sortie est vite atteint. Car si le début de la course se situe à une altitude qui, en Chartreuse, est peu ou prou celle d'arrivée, on y monte certes par lévitation motorisée mais aussi sous une lapidation en règle. S'en sortir indemne ne nécessite aucun talent particulier, juste beaucoup de chance.
Le regretté Cabau et son collègue Galley disent : « le vallon de départ, assez plat mais flanqué de versants raides et austères débouche sur un vaste cirque paisible et ensoleillé ». Ça me va. Je chausse aux Cordiers, dernier hameau de Bayasse. Je sais que le vallon s'étire longuement jusqu'à la Cabane de la Moutière. J'ai gagné 300m au bout de 4,25 km, suis presque étonnée du résultat tant c'est plat, mais pas austère pour deux sous. Ensuite, c'est moins plat mais guère plus raide. Mais je me dis, si c'est une cime, même Plate, ça va quand même finir par monter, on n'a jamais vu une cime au milieu de la Beauce !
A mes pieds ont été jetés tous les diamants du monde ; entre les petits mélèzes, c'est de la moire inondée de lumière. Je regarde mes skis avec attendrissement. Une fois de plus, ils vont me mener là où mes pieds n'iraient pas sans eux. Objets inanimés avez-vous donc une âme, etc....Bon, ben je vous conseille de vous animer davantage !
Après le vallon de Moutière, j'enquille celui de la Braissette. Les lacs du même nom n'ont pas l'air de savoir que la fin du roupillon est proche. Je vise la Baisse de la Plate (ici les baisses sont en-haut, comprenne qui pourra). Je laisse au N la Tête du Laup laquelle aurait peut-être valu que je me la paye. Mais non, moi je suis venue pour du S, pour la Cime de la Plate qui s'atteint assez platement, j'avoue.
Je goûte le sommet à sa juste valeur et plonge mon regard en contrebas sur le vallon de la Sanguinière où je suis censée me jeter. La Tête de la Clape se paye la mienne me voyant zigzaguer précautionneusement entre les rochers émergents de la crête E. Mais voici le col de la Cime de la Plate. Le panneau indicateur dresse sa tête à lui hors de la neige.
Ensuite, que du bonheur : une pente S décaillée comme j'aime, un tantinet trop mais ne faisons pas la difficile, me tend les bras. Puis je longe le Vallon de la Sanguinière par sa rive D. Je laisse la Cabane de la Sanguinière à main G et dévale le ravin de la Sanguinerette par sa rive D. Le fond du Vallon du Bachelard vient trop vite et le retour à Bayasse ne se fait pas attendre non plus.
Quand je pense à toutes ces classiques des Alpes du Nord où le randonneur se trouve au coude à coude avec ses pairs pour prendre la montagne à bras le corps, tandis qu'ici, vous pouvez parcourir 17km sans rencontrer quiconque et c'est la montagne qui vous prend dans ses bras.....