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Sorties > Bornes - Aravis > Apocalypse sur les dunes du Grand Bo

Apocalypse sur les dunes du Grand Bo ⭐

Massif : Bornes - Aravis
Départ : Le Chinaillon (L'Envers) (1250 m)

Topo associé : Mont Lachat de Chatillon, Par les pistes

Sommet associé : Mont Lachat de Chatillon (2050 m)

Orientation : NW

Dénivelé : 1100 m.
Ski : 2.2

Faune : cet itinéraire passe près de zones sensibles. Voir consignes sur fiches topo

Sortie du samedi 6 février 2021

thouthou

Conditions nivologiques, accès & météo

tempête de sable
Etat de la route : Altitude du parking :
Altitude de chaussage (montée) : 950
Altitude de déchaussage (descente) : 950

Activité avalancheuse observée : ancienne coulées, toutes les raides pentes sud ont purgé jusqu'à l'herbe.

LieuAlt.Ori.HeureQté.TypeCom.
1000m8h300/50Dureirrégulière et croutée en dehors de la piste
2000m10hDureassez lisse, croute plus dure mais parfois cassante

Skiabilité : 😐 Correcte

Compte rendu


pour les pressés: rien de neuf par rapport à hier !
pour les autres: un peu de lecture :)

(NB: je me suis planté de topo, départ du Grand Bo et pas du Chinaillon...)



8h30, parking de la télécabine au Grand Bo.

Il beut. (sans H). Pour la pluie, on dit il pleut. Alors pour la boue, ça doit être ça, ou pas loin.

Par Toutatis, la météo ne m'avait pas averti que le ciel nous tomberait sur la tête !
Je m'attendais à un ciel voilé, j'espérais même voir le soleil... sur un malentendu ça peut toujours marcher. Mais là c'est jour jaune - pas blanc, jaune ! Et un peu humide donc... j'ai même pas un truc imperméable à me mettre... tant pis, de toute façon ça ne goutte (ou boutte?) pas fort.

On va donc passer en mode sèche-linge, et attaquer un peu à la montée. En réparant le mien cette semaine j'ai justement mesuré que 400W suffisaient pour le synthétique. Je savais bien que ça me servirait un jour d'écouter les cours de physique. E=mgh qu'ils disaient... en tablant sur un cycle de 1h30 pour monter ma carcasse en haut des 1100m de dénivelé du jour, ça nous fait une puissance instantanée de 170W. Avec un rendement musculaire de 25%, on table donc sur 510W de chaleur dissipée au minimum, on est large! Pour être sûr de ne pas m'écarter des spécifications du fabricant (une Odlo toute neuve en plus), je ne ménage pas mes efforts.

Il y a justement un groupe avec des débutants (repéré au vol plané du dernier lors de la première conversion sur le sol gelé). Je mets donc un point d'honneur à leur montrer les erreurs à ne pas commettre.

Je vais dré dans le pentu, le nez dans les spatules. Les petits murs de la piste rouge des Envers s'y prêtent bien. Cales à mi-hauteur pour que les couteaux enfoncent un peu quand même. Faut dire que j'ai pas trop le choix. Mes peaux étant plus usées que mes cuisses, et moins larges que mes skis, je n'essaye même pas de monter par des conversions tranquilles, sur ce sol gelé et inégal qui ne pardonne pas le moindre manque d'adhérence. Ça zippe facilement comme on dit. Les bâtons passent direct à travers là croute, jusqu'à la garde, dès qu'on pousse un peu fort dessus. Je pose donc les skis bien à plat, face à la pente, et ça passe tout seul, moyennant quelques calories supplémentaires. Ça fait aussi un bon travail d'étirement pour le mollet et les ligaments derrière les genoux.

Un délicieux fumet de mazout m'incite à accélérer encore. Pour des "chalets de luxe" loués 6500€ la semaine, ils pourraient au moins faire régler correctement le brûleur du chauffage central, sans empuantir toute la vallée. J'active donc la post-combustion pour passer au plus vite la zone. Les peaux fument.

J'imagine le chef de course du groupe expliquant à ses élèves: "vous voyez le type là bas qui bourrine comme un âne? ça ne sert à rien, il va se cramer en 5 minutes et on va le rattraper avant le sommet. c'est ce qu'il ne faut pas faire."
Je jubile de contribuer ainsi à l'éducation des novices. (et pour sûr, ils n'étaient pas si loin derrière quand je les ai vus à la descente)

En arrivant au pied de la face sud-ouest, je constate l'étendue des coulées de neige. Tout est parti. Sur la piste du col, je reste sur le zig-zag du chemin damé... on perd du temps en coupant les virages, la croûte casse et le rythme aussi.

Les nuages sont jaunes tout autour, avec un ciel plus clair / blanc au zénith, ça fait une référence. Sinon l'oeil s'habitue à la couleur et change de référence,
comme avec le masque de ski. La neige aussi prend une teinte de plus en plus marquée au fil de l'altitude. On voit bien les zones à l'abri de ce puissant vent de sud... elles restent propres. La poussière s'incruste dans la moindre aspérité, ce qui permet de voir assez bien les reliefs malgré cette illumination uniforme.

Les deux premiers qui descendent laissent derrière eux une trace toute propre, façon passage à la javel.

Le sol est quasiment rouge maintenant. On se croirait bientôt dans les dunes du Namib, surtout avec les esthétiques congères qui bordent le chemin. Ça me rappelle le vlei, il va bientôt falloir se méfier de ne pas déranger une Bitis Peringueyi, ça mord fort ces bestioles, mais d'un autre côté les chaussures de ski protègent mieux que les tongs...
Je me tiens aussi à distance des pentes de 35°, limite au delà de laquelle le sable est instable et coule tout seul, c'est bien connu. Je m'interroge d'ailleurs sur le réglage de mon DVA: est-ce qu'il y a un mode spécial en cas d'enfouissement sous le limon du désert?

Le calcul était juste. J'arrive sec au sommet. Ou séché. Je tire la langue, quoi!
J'aurais sans doute séché pareil en montant avec le télésiège et en buvant un pastis avec des glaçons, avec un tel Siroco. Il fait doux.

Un peu de thé pour rincer les graviers qui s'accumulent dans la bouche. Je crache mes poumons de toute cette poussière, et je continue à la régurgiter en écrivant ce CR. J'aurais du mettre un FFP2 pour monter... à défaut de rencontre covidesque, ça m'aurait au moins évité une silicose!

Le panorama est magnifique, des nuées ocres surgissent des cols des Aravis.
Les sommets sont perdus dans la poussière. Je règle l'appareil photo sur balance des blanc manuels, 5500K, pour immortaliser cette improbable journée.

La descente, habituel objectif de plaisir, n'est ici qu'un moyen pas trop désagréable de regagner la voiture. Une courte tentative hors piste m'incite à reprendre le chemin damé. Les appuis sont piégeux, il faut se faire léger. Alors on laisse glisser, petite godille, bon grip, assez ludique dans le boardercross, et même sur des bosses pas trop marquées en bas pour enchaîner les bonds. Il manque un peu de décaillage pour que ce soit doux, mais c'est pas du béton non plus. ça aurait pu être bien pire!

Au final, une bien belle sortie, pour le moins inspirante, et partagée avec au moins une cinquantaine de personnes sur l'itinéraire ce jour je pense.

Ton sur ton
Ton sur ton
La dune du haut
La dune du haut
Vers le nor,d, du Jalouvre à l'Almet
Vers le nor,d, du Jalouvre à l'Almet
Vers le sud
Vers le sud
La dune du haut
La dune du haut
Euh, c'est la fin du monde ?
Euh, c'est la fin du monde ?
Traces sablées
Traces sablées
Panoramique
Panoramique

Commentaires

B
brigain, le 06.02.21 18:05

Excellent, Bravo pour le CR !

P
pca, le 06.02.21 18:18

Belles photos, Cette année restera dans les annales

Y
yvespon, le 06.02.21 20:54

Le masque tu aurais dû le mettre à la journée..... As tu pensé que ce sable qui vient du Sahara est peut être chargé de radio-activité suite aux essais Français de notre bombe 😯 😯 ..... Retour à l'envoyeur...!!!!

T
thouthou, le 06.02.21 21:41

Merci pour vos messages!

Yves, tu rafraîchis nos mémoires fort judicieusement au sujet de ce triste passé. Et sans vouloir tourner en dérision cette grave page de notre histoire, je ne peux m'empêcher d'imaginer quelque réponse impertinente. (c'est sans doute un des premiers effets de mon exposition excessive ce matin - comme un coup de soleil de l'intérieur):

- Je n'aurais plus besoin de frontale pour mes sorties nocturnes si je brille dans le noir. (mais bon avec la pollution lumineuse, ça fait longtemps que je ne l'ai pas sortie du sac).

Ou bien:
- on devrait peut être le breveter et encapsuler à grande échelle la surface des pistes de ski, ça recyclerait les ratracks, et on vendrait au prix fort une "radiothérapie pulmonaire anti-covid, made in France".

Quant à la radioactivité dans nos montagnes, la triste réalité dépasse déjà malheureusement la fiction: savais tu que la moitié des sangliers tués dans les Grisons sont encore aujourd'hui impropres à la consommation à cause de leur teneur en Cesium tchernobylien? Si c'était aussi le cas dans les Aravis, on aurait peut être moins de risque de se faire plomber à l'automne... ah ah ah, il fallait terminer sur un bon mot!

Cette sortie
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