Départ : Le Désert (les Bruyères) (1200 m)
Topo associé : La Cochette, par les pistes du Désert
Sommet associé : La Cochette (1618 m)
Orientation : E
Dénivelé : 460 m.
Ski : 2.1
Sortie du lundi 1 février 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Pluie++. Limite P/N ? j'sais pas, j'y suis pas arrivée. Brume mais visibilité correcte. Vent sur la crête, même dans le bois (vent d'W). Pas très froid mais fort humide.Etat de la route : lavée et relavée
au pkg, qq cms de neige fondue
Altitude du parking : 1172m
Altitude de chaussage (montée) : 1172m
Altitude de déchaussage (descente) : idem
Activité avalancheuse observée : RAS
Une dizaine de cms de neige lourde, imprégnée de pluie. Dessous, grâce aux tassements des passages des jours précédents, le fond est ferme. étonnamment agréable à skier
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Pas de réveil ce matin. Laissons l'aléatoire aléer et le destin destiner, au diable toutes ces programmations millimétrées ! De toutes façons, je n'allais pas faire la face E de Chamechaude, laissons ceci au tout ratissant, ni la face W non plus, laissons cela au tout venant. Donc pas de réveil. Si, comme souvent lorsque ma seule perspective est de faire le ménage, je sors du coma à l'heure de l'apéro, on n'en parle plus et on passe à l'apéro. Si par contre, une insomnie matinale ou une irrésistible envie de grand air me prend malgré le choeur de toutes les Cassandres, eh bien il sera encore temps d'aviser.
A 4h, ma vieille chatte rata son saut sur la table de chevet résolvant ainsi d'un seul coup bruyant deux problèmes en suspens : celui du devenir de quelque bibelot qui n'était plus là que par habitude et celui de mon réveil. J'ai pris ça pour un signe. Un signe de quoi, je n'en savais fichtre rien. Toujours est-il que j'eus alors tout loisir pour réfléchir à une destination en adéquation avec la situation. Entre deux somnolences, il m'en apparu une de possible. Ce n'est pas encore celle-là qui va faire remonter ta lamentable moyenne de D+ me dis-je, mais si tu la fais 5x ça peut améliorer ton graphique. Inch Allah me bénis-je mais Seigneur Jésus, il flotte toujours.
Il faut dire que la perspective de sortir après 4j de jeûne et de contemplation hypnotique d'un cliché belledonnesque majeur envoyé par un ami pervers m'avait donné des ailes. Des ailes de moineau certes mais si jamais personne n'a vu une cigogne avec des ailes de moineau, eh bien le temps est venu, exactement comme ce temps d'après qu'on n'avait jamais vu non plus.
Devant le centre nordique du Désert, je me suis cru arrivée au centre nautique. La limite P/N j'ai cru la grappiller au col du Grapillon, mais ce fut l' illusion d'un instant, due à mon matin agité. Escroquerie à l'hiver, me voici refaite mais pas défaite.
L'activité que je pratiquai ce matin fut insolite: une sorte d'hybride entre rando/fond/nautique, technique chasse-neige/essuie glace avec toutefois quelques belles arabesques tracées en profondeur dans les flots blancs. Pour la tenue, j'avais pris mes dispositions : maillot de bain à col roulé, cape de pluie bordée de vison danois. Là-dessus le masque de rigueur. Une élégance folle. Heureusement, aucun autre humain dans le décor : grenouilles et chamois eux n'en ont rien à cirer. (ah tiens, c'est ceci qu'il m'aurait fallu).
Tout en montant tranquillement comme j'ai coutume de le faire, avec ou sans intempérie, j'espérais. J'espérais une éclaircie, j'espérais pas de vent, j'espérais des bêtes sauvages. J'espérais l'inespérable. Mais soudain, par la grâce du rythme trouvé sans doute, je n'espérais plus rien. J'ai laissé venir le vent, la pluie, la brume, et toutes leurs actions de vent, de pluie et de brume.
Et ce fut ce que j'étais venue chercher. L'espoir tue l'instant, tue ce qui est là, tue.
De retour, trempée bien entendu, à la voiture , il n'était plus question de ce quintette à peaux que j'envisageais dans mon délire, j'étais toujours une cigogne aux ailes de moineau, sans espoir, mais enchantée de ces deux heures inespérées.