Départ : Molliessoulaz (950 m)
Topo associé : Mont Mirantin, traversée des arêtes
Sommet associé : Mont Mirantin (2460 m)
Orientation : T
Dénivelé : 1400 m.
Ski : 3.2
Sortie du samedi 26 mars 2016
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand bleu
Pas de vent
Bon gel du matin
Etat de la route : dégagée jusqu'au réservoir
Altitude du parking : 1230
Altitude de chaussage (montée) : 1230
Altitude de déchaussage (descente) :1100
Activité avalancheuse observée : RAS
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
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Forêt | 1230-1700 | NE | 07h30 | Dure | ||
Rouche pourrie | 1700-2030 | N | 09h00 | 5 à 10 cm | Poudre | Sur fond dur |
Pointe St Jean | 2030-2200 | SE | 10h00 | Moquette | ||
Antécime Mirantin | 2200-2428 | NW | 11h30 | 10 à 20 cm | Poudre | |
Face NW | 2428-1900 | NW | 12h00 | 10 à 20 cm | Poudre | |
La Motte | 1900-1500 | N | 12h30 | Irrégulière | Neige en cours de transformation | |
Nant de la Colombe | 1500-1100 | N | 13h30 | Soupe |
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Le Jeune, Le Bref et Le Bombé
Tout l'hiver, si on peut parler d’hiver, je suis resté cacher dans ma tanière au fond des Bauges.
A chaque sollicitation des copains, je répondais par de chaleureux grognements... "Pas le temps, neige de merde, pas envie, trop chaud, trop humide, trop froid, j'ai trop de boulot, les gamins sont en course ce WE, etc...".
L'hiver tirant sa révérence, je me retourne et je vois que je n'ai rien fait ou presque cette saison. Pourquoi ce manque d'envie?
Suis-je devenu gros ?... non c'est je le suis depuis bien longtemps.
Suis-je lassé du ski ?... non j'en fais pas assez pour l'être.
Suis-je un gros c..?... la réponse est dans la question.
Un coup de téléphone, une proposition de sortie, un frisson me galope sur l'échine. Je craque, j'accepte l'invitation.
Déjà parce que c'est le printemps et que j'aime les fleurs, et puis comme je ne supporte plus le froid, le printemps c'est bien. Ensuite parce qu'une sortie entre machos repentis, c'est comme un jour parfait, ce n’est pas moi qui le dit, c'est lui : www.youtube.com/watch?v=cgGz4eeJpYM&list=PLJmsul2lQ_ocQdIGdU_f_IwV1teC7whX_&index=7
Trêve d'humour fin et délicat, place à l'aventure. Je quitte mon antre à 04h50 pour rejoindre Le Bref et Le Jeune à St Pierre d'Albigny, on récupère le Bombé au MacDo d'Albertville et hop direction Molliessoulaz. Durant le trajet Le Bref se lance dans une diatribe sémantique sur l'origine ce joli lieu-dit. Que d'énergie dépensée... on s'en fout... on veut du lourd, du graveleux, pas sortir avec maître Cappelo. Je le taquine un peu, j'aime ça... c'est mon tique.
On arrive, on chausse, on va pour partir et bien sur le lettré de service décide de reconnaitre l'orée du bois en quête d'un petit coin bucolique pour contempler le fruit de ces entrailles... certes c'est le début du WE pascal et mais là je trouve son hommage fumant...
La montée dans les bois se passe sans soucis, la neige recouvre tout.
Sortie de la forêt les choses se compliquent pour moi, je casse une liche et on entre dans une sorte de congélo géant... La vue est belle, l'air est pur mais je me caille les C......... Et hop 2 épaisseurs sur le dos, le bonnet, la capuche. J'ai subitement l'impression d'être un manchot processionnant sur la banquise, épié par une bande de phoques affables et moqueurs.
Après quelques conversions dans quelques centimètres de fraiche délicatement posée sur un bon dur, j'arrive au soleil. Mes phocidés de compagnons m'attendent encore et toujours. Leurs déplacements rapides et gracieux dans cet environnement chromatique saturé de lumière sont pour moi un enchantement.
L'effort fait naitre une croupe callipyge dans la silhouette du Bombé, qui croisant mon regard lubrique se met à accélérer, as-t-il compris...
Le Jeune, il a la santé et il trace encore et toujours, mais il porte toujours à droite alors la trace c'est un peu le bazar, le gros bazar...
Le Bref quant à lui, il a toujours l'allure droite et fière, le regard toujours à l'affut d'une trace ou d'une ombre et la truffe au vent pour flairer le moindre effluve de gibier potentiel.
Arrivé sur l'arête, est-ce le chant des coqs ou l'idée d'entrevoir leurs crêtes qui déclenche en moi cette démangeaison, ce besoin compulsif voir frénétique d'appuyer sur le bouton rouge de mon appareil ... photo bien sûr. La vue panoramique tant vantée par mes coreligionnaires est une belle réalité.
Au pied du bien nommé "pas de l’âne", notre épopée solitaire prend fin. Nous rencontrons un sympathique groupe de 4 personnes qui écumait le secteur. Le Bref reconnait un des trublions et ils ont une passion commune... Et que la saison a été bonne pour toi... Et que c'est un super endroit ici... Mais chez toi c'est pas mal aussi... Et patati et patata... Que de palabres pour s’inviter à aller tirer un coup ensemble. Nous devons presque les séparer de force pour que chaque groupe puisse continuer vers sa destinée originelle.
L'antécime du Mirantin sera notre but définitif, je traine, je râle, donc ils craquent on n'ira pas au sommet. On se change, on s’apprête, on se fait beau comme des jouvenceaux qui vont se jeter dans l'inconnu d'un vaste espace encore vierge, enfin on y croit.Nous voilà lancer dans une joyeuse descente vers le Nant de la colombe.
Le 1/3 supérieur sommet est super bon 10 à 20 cm de fraiche, les vieilles traces ne nous gênent pas plus que ça. Quand on a envie, on n’est pas toujours très exigeants.
Je suis un peu en retrait, conscient de ma grande condition physique, je sers un peu le frein... et pas que. Soudain, pris d'un coup de chaud, je me lance dans une folle descente et je lâche tout entre 2 mamelons. C'est donc ça la fièvre espagnole.
Le 2/3 n'est pas si mal, la neige en cours de transformation reste bien agréable à skier, malgré quelques changements pas toujours signalés. L’itinéraire de descente lui non plus, n'est pas toujours bien signalé. Alors on réfléchit ensemble, on analyse l'environnement, on argumente ses choix et au final on décide de tout jouer à la courte paille. A ce jeu je gagne toujours, la nature a été bonne avec moi, mais pas à ce niveau. On descendra par la gauche, choix plutôt moyen pour la skiabilité, on aurait du repauter sur 50 ou 100 m pour basculer dans un couloir bien plus accueillant.
Le 3/3 fut le point d'orgue de la journée. Neige transformée lourde, des arcosses, des pavasses et un joli ruisseau au doux nom de Colombe. J'ai tellement apprécié ce passage, que je pensais organiser un ball-trap géant place St Pierre à ROME pour le prochain lâcher de ces blancs volatiles, par pure vengeance. Même en Bauges on n'a pas des trucs comme ça.
Mais ai-je eu ici une pensée blasphématoire ? Apparemment oui, je fus puni dans la minute suivante par la main céleste qui me précipita dans le torrent pour me laver de mes mauvaises idées. Résultat 1 litres dans chaque pompe, le sac plein d'eau, le pantalon blet et une belle coupure sur la main gauche, zut c’est ma préférée... Le retour jusqu'à la voiture fut long et peu agréable, ce n’est pas la remontée qui fut le plus dur à supporter, ce sont les moqueries... mais bon, tout ce qui ne tue pas rend plus fort. A charge de revanche...