Départ : Prapic (1550 m)
Topo associé : Crête des Lauzes Rousses, Traversée Prapic/Dormillouse
Sommet associé : Crête des Lauzes Rousses (2915 m)
Orientation : T
Dénivelé : 2830 m.
Ski : 2.1
Sortie du mercredi 19 avril 2017
Conditions nivologiques, accès & météo
très beau temps, plus froid à J3 (-6 à 6h à Dormillouse), quelques rafales de vent au col de FreissinièresEtat de la route : RAS
Altitude du parking : 1513m
Altitude de chaussage (montée) : J1 : pas chaussé jusqu'à la cab de la Barre - J2 : au promontoire 2241m au-dessus de la cabane et un déchaussage de 100m à partir de l'abri pastoral de Vallon Cros - J3 : à 1900m à la Jalague sous le verrou
Altitude de déchaussage (descente) : J1 - pas de descente - J2 : 1950m sous le lac Fargeas dans les bois - J3 : à 2050m sur les pistes d'Orcières
Activité avalancheuse observée : une coulée récente en rive D du vallon de Chichin au niveau de la bergerie
Descente des Lauzes Rousses excellente, juste transformée à point. Descente sur les pistes d'Orcières encore dure sauf le 1/3 inf
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Avec Valentine
Prapic/Cabane de la Barre/Prafoura/Crête des Lauzes Rousses/Dormillouse/Col de Freissinières/Orcières
Avouons-le d'emblée : ce coup-ci, on a donné dans le voyage organisé. Je vous sens désappointés. Mais, voilà, il me fallait un lieu à mi-chemin entre le Pays de la Sure et Marseille. J'ai pris une carte, une règle, tiré un trait, mesuré et décidé (arbitrairement, j'en conviens) que ça ne pouvait être que le Champsaur. J'ai confié mes intentions à Philippe et, par retour de sms, j'avais un itinéraire sur mesure pour arpenteuses des beaux quartiers sauvages. C'est comme ça que je m'imaginais la vie !
Maîtrisant son métier de GO à la perfection, Philippe distilla les infos à doses homéopathiques pour que notre affaire puisse décemment être estampillée «Champsaur sauvage». C'est ainsi qu'il s'est bien gardé de dire que la passerelle après le Saut du Laire ressemblait encore à la Tour Eiffel au moment de la pose de la première pièce métallique, que l'entrée de la cabane de la Barre se faisait, non pas par une échelle de meunier, mais par une échelle de pompier, verticale, barreaux espacés, consolidation en fin de vie. Et surtout, qu'en l'espace de 3 jours le manteau neigeux en sud passerait en mode mini/troué.
Montée à la Cabane de la Barre.
Les derniers touristes descendaient le vallon du Drac (dépourvu de toute neige) et regardaient, avec une curiosité teintée de pitié, ces 2 mules au chargement aussi impressionnant qu'incongru. Les crocus s'apprêtaient à fermer corolle et les marmottes ne pensaient qu'à en découdre avec leurs rivaux. Au bout d'une 1/2h, nos clavicules avaient déjà la forme d'un cassis tel qu'il figure sur les panneaux routiers. Notre sueur tombait comme les premières gouttes de la mousson sur le désert du Thar. Ce n'est qu'après 2 bains de pied que notre température corporelle chuta. Quant au moral, il remonta quand un chamois, laissant dans le Serre des Sagnes une trace samivelesque, lui montra la bonne direction. Nous découvrîmes alors notre cabane, son accès épique et sa source parcimonieuse. Poser le sac fut un grand moment. Au couchant, de la petite butte au-dessus de la cabane, la vue est grandiose sur le Mourre Froid et consorts mais aussi sur le vallon de la Bruyère dont il faudrait gagner le fond le lendemain matin avec une neige béton. Brr !
Nuit à la Cabane de la Barre.
Spartiate. Le pays ne respire pas l'opulence. D'ailleurs, selon les locaux, « on y trait les marmottes pour faire des fromages ». Ma diététicienne n'a pas su me préciser les qualités nutritives de la chose, alors on s'est abstenu. En compensation, Valentine avait apporté les orangettes et moi les loukoums. Je ne sais pas si la Cabane de la Barre et ses souris ont déjà vu passer de telles délicatesses.
Montée aux Lauzes Rousses par Prafoura.
La descente en biais sur le vallon de la Bruyère se passa bien. Aucune de nous ne s'est retrouvée au fond du torrent, torrent qui eut le bon goût de conserver un pont de neige (un seul) pour nous permettre de passer en rive D. Ensuite, commença un merveilleux cheminement jusqu'à la crête où nous croisâmes un couple venant en sens inverse (seuls humains croisés). Je ne parlerai pas de la descente dans le Fond de la Cabane. La griserie nous a d'ailleurs emportées jusqu'au dessus du lac Fangeat d'où on a pris le chemin de Dormillouse par le sentier inférieur.
Nuit à Dormillouse.
Cosy. Super accueil. Repas gastronomique. Chambres coquettes. A recommander.
Montée au col de Freissinières.
Un bijou. Qu'il faut aborder au petit matin.
Car l'heure bénie du Champsaur c'est l'aube d'un matin clair, quand les dernières pensées grises se dissolvent dans les ultimes brumes de la nuit, quand l'eau vive s'est figée en glace, quand les âmes de la nuit s'effarouchent de l'inquiétante lumière, quand l'angoisse des êtres du jour se dissipe dans le soulagement de l'aurore. Alors, la rouille des hameaux adoucit le cobalt du ciel et la demi-lune parfaite s'efface devant le soleil triomphant.
Cheminer un si long vallon est une méditation. Allez-y, vous ne le regretterez pas. La sortie au col nécessite un reste d'énergie et la facile descente sur les pistes d'Orcières vous réintroduit en douceur, mais avec consternation, dans le monde des humains.
Grand merci à Philippe pour l'idée (et le taxi !) et à Valentine pour sa si agréable compagnie.