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Sorties > Vanoise > Tour du mont Pelve, Dôme de Chasseforêt et Grande Casse. Raid en bivouac de 4-5 jours 100% made in skitour !

Tour du mont Pelve, Dôme de Chasseforêt et Grande Casse. Raid en bivouac de 4-5 jours 100% made in skitour ! ⭐⭐

Massif : Vanoise
Départ : Pralognan la Vanoise (Les Fontanettes) (1644 m)

Topo associé : Grande Casse, par les Grands Couloirs

Sommets associés : Grande Casse (3855 m) Dôme de Chasseforêt (3586 m) Pointe du Dard (3206 m) Dôme des Sonnailles (3361 m)

Orientation : W

Dénivelé : 4000 m.
Ski : 4.2

Sortie du samedi 30 avril 2022

Quercus

Conditions nivologiques, accès & météo

Météo/températures : Frais (-8 à 3000m), averses de neige, brouillard et petit vent les deux premiers jours, plein soleil sans vent et doux (iso zéro à 3000m) ensuite.
Conditions d'accès/altitude du parking : Neige fraîche au parking en arrivant, printanier au retour.
Altitude de chaussage/déchaussage : Assez proche du parking
Conditions pour le ski : Moyenne. Un peu toutes les neiges sauf la poudreuse.

Activité avalancheuse : Rien vu de sérieux en "direct". Les pentes qui ont le plus chauffé (versant Sud de la Grande Casse notamment) on parfois vu partir de grosses avalanches depuis le sol (probablement mercredi après midi)

Skiabilité : 😐 Correcte

Compte rendu

Itinéraire suivi : 


Lundi : Parking des Fontanettes (14h) > Lac des vaches > Refuge de la Vanoise (18h30) D+ 900m
Mardi : Refuge de la Vanoise (9h) > Col du Dard (13h) > Col du Pelve (15h30) > Dôme des Sonailles (18h30) D+ 1100m
Mercredi : Dôme des Sonailles (9h) > Dôme de Chasseforêt (10h30) > Sonailles > Lac des Lozières (13h) > Refuge de la Vanoise (19h)
Jeudi : Refuge de la Vanoise (7h45) > Sommet de la Grande Casse (12h pour Julien) > Refuge de la Vanoise > Parking des fontanette (pour Remy)
Vendredi : AR point de la Rechasse (pour julien seulement) puis retour au parking des fontanette vers 15h

Ce raid doit beaucoup à skitour. Au départ, il y a une bouteille à la mer de Fredo qui propose l'idée d'un raid à la fin avril sur le forum. Assez vite un groupe de 4 se forme autour de cette idée. Finalement Tonio jette l'éponge et nous ne serons donc que trois: 2 parisiens et un bordelais. En raison de l'enneigement faible cette saison, la Vanoise s'impose. Tant mieux, aucun de nous trois n'a jamais mis les spatules sur les pentes que nous convoitons. 
Le rendez-vous est donné lundi vers 14h au parking de fontanettes. A titre personnel, je trouve ça plutôt rafraichissant l'idée de découvrir sur le parking les gars avec qui tu va partager une tranche de vie qui s'annonce aussi intense... Bref, le temps de faire les sacs plus (Remy) ou moins (Julien) lourds et c'est parti. La neige à canon de Pralo et les petites chutes du week end permettent de chausser assez vite. Ca colle un peu, mais c'est pas pire. Côté ciel, on rencontre le brouillard vers 2200m, c'était prévu, pas de quoi s'inquiéter. Ce qui n'était pas prévu, en revanche, c'était le coup de calcaire de Fredo qui se voit "contraint" de profiter de l'accueil chaleureux du refuge pour se remettre sur pieds pendant qu'avec Julien on se lance dans 4h de construction d'igloo. Il est minuit quand on peut enfin se coucher pour (pas vraiment) dormir...

Mardi matin au réveil Fredo a bien récupéré. On ne se presse pas trop, rien ne l'impose. De mon côté, je charge le sac sur la pulka. Le relief du jour s'annonce plutôt favorable à l'utilisation de ce matériel. On espère bivouaquer au dôme des Nants même s'il est évident que c'est la météo et la forme de chacun qui auront le dernier mots. Dès 2700m on retombe dans le brouillard. Plus on monte et plus les conditions se dégradent. Vers 2900m on croise un guide qui a renoncé à mener son client plus loin dans la purée de poix. Notre équipement qui permet à tout moment de poser un bivouac nous autorise à poursuivre quel que soit l'évolution de la météo. Pas d'inquiétude et on s'enfonce donc toujours plus haut dans le nuage. Les ombres s'estompent, les reliefs s'effacent et bientôt il n'y a plus que du blanc. Du blanc à droite, du blanc à gauche... Dessus, dessous, tout est blanc. Julien qui va manifestement bien plus vite que Fredo et moi se retrouve donc contraint de nous attendre sans quoi on risquerait de se retrouver dispersé aux quatre coins du nuage de coton dans lequel on flotte à présent. On va alors errer pendant plusieurs heures sur le vaste plateau glaciaire de la Roche Ferrand sans AUCUN point de repère. Est-ce que ça monte ? Est-ce que ça descend ? C'est l'Ouest par là ? A non, c'est le Sud... 
GPS à la main en tentant d'éviter les zones les plus crevassées on fini par trouver la sortie. A la faveur d'une micro éclaircie on se jette dans la pente qui permet d'atteindre le col du Pelve où le brouillard veut bien lâcher son emprise. Evidemment, il n'y a personne. On en profite pour faire une petite pose, se restaurer et aviser. Julien parvient à nous convaincre de poursuivre. Il nous fait remonter dans le nuage. Avec ces reliefs de dômes glaciaires on se croirait perdu au beau milieu de l'inlandsis Groenlandais. Ce brouillard nous prive d'une vue que l'on sait magnifique mais il contribue à définitivement nous couper du reste du monde ce qui, il faut bien l'avouer, est un peu l'idée de ce type de raid. On voulait de la neige, du blanc, de l'autonomie...On peut dire qu'on est servi !
Alors on remonte. 3000, 3100, 3200, 3300... Ca commence à tirer. Avec Fredo on est au bout du rouleau. On peut plus bouger alors c'est décidé, on ira pas plu loin et le dôme des Sonailles (3360m) sera notre chambre pour une nuit. Il est 18h30, neige, brouillard et vent, pas loin de -10°c... Une belle nuit en perspective ! Chacun s'affaire à assurer sa survie. Ce ne sera pas une grande soirée de discussion à refaire le monde ! Pour ma part, il s'agit à nouveau de construire un igloo. 3h à galérer. Le souffle est cours, ça pelle mais....Mais le ciel enfin se déchire et dans le soleil couchant les dômes se dévoilent. Quelques lambeaux de coton filent encore à toute allure en caressant la calotte glaciaire ondulante. Mes camarades sont barricadés derrière un fragile millimètre de toile. J'essaye de goûter pleinement cet instant suspendu. Un troupeau de mamouth viendrait à passer que ce ne serait pas plus surprenant que çà mais j'ai en fait surtout l'impression d'une vue extra terrestre. Soleil pâle, rasant, absence de vie, univers gelé. Une esthétique de la mort qui a son charme.

Mercredi 6h30 le soleil rentre par l'ouverture de l'igloo. A cette altitude le soleil se lève tôt ! Pas la peine de traîner davantage. Je veux profiter de ces heures qui donnent les ambiances les plus fortes. Le vent est totalement tombé. On a tous passé une nuit dégeulasse mais on est tous très heureux d'être là à cet instant. Fredo s'essaye à la traction de ma pulka taillée pour les reliefs alpins puis on va tranquillement reprendre notre chemin en laissant les affaires au camp. On se dirige vers le dôme de Chasseforêt sous un ciel azur. Au sommet la vue est à couper le souffle. La Dent Parrachée est à portée de main mais ce sont presque toutes les Alpes que l'on a sous les yeux. Du Viso aux Jorasses, du Mont Rose à l'Aillefroide ils sont tous là.
S'en suit une très longue descente de plus en plus douce en direction d'entre deux eaux (un point que l'on atteint pas). L'eau justement, on la retrouve à l'état liquide. Dans un des lacs des lozières une petite grenouille s'enfuie au moment où je viens puiser un peu du précieux liquide. La vie. A cet instant, il fait franchement chaud. Au moins 20°c de plus que la veille à la même heure. Encore un voyage dans le voyage.
La traversée qui nous ramène vers le mollard de la Loza est un peu pénible. Ne pouvant pas faire glisser ma pulka je suis contraint de porter mon sac trop lourd (3 kilos inutiles au moins). Les 3 derniers kilomètres sont beaucoup plus simples dans la magnifique vallée qui nous ramène au refuge de la Vanoise. Julien a filé devant. Fredo m'accompagne mais il ne peut m'éviter d'arriver totalement cramé au refuge. J'ai toute la peine du monde à atteindre l'étage et me plante devant les gérants qui, à ma seule vue, (et sans que je n'ai besoin de dire un mot ) me proposent de m'asseoir et de boire un verre d'eau...Merci à toi le barbu du pôle Nord !
En attendant, l'objectif de demain c'est la Grande Casse. Pour moi, c'est techniquement un défi et à cet instant le défi c'est d'arriver à monter la cuillère de soupe jusque dans ma bouche... pas le choix, si je veux arriver à monter la haut il faut dormir au refuge et tenter de recharger les batteries.

Jeudi réveil à 6h30, petit dej sérieux, conditions météo idéales. On est les derniers à s'élancer. Pour moi, je sais que l'aventure peut s'arrêter à tout moment, que ce soit pour des raisons purement physiques comme la veille ou pour des raisons techniques (le gaz et moi ca fait deux, 40°+ c'est comme avec le rhum, je tousse à chaque gorgée). La montée se déroule sans encombres. Julien se mêle aux autres groupes et s'envole très vite vers le sommet. Pour la première fois je chausse mes crampons et m'empare de mon piolet. 3 personnes nous rattrapent progressivement avec Fredo. Nous n'étions donc pas les derniers à monter. Ces trois gars nous doublent dans la partie la plus raide des Grands couloirs. On échange deux trois banalités et... et on se rend compte que c'est à Tonio que nous avons le plaisir de parler ! Le groupe initial du raid est donc reconstitué de manière totalement innatendue ici à 3500m dans la portion la plus pentue des grands couloirs. Incroyable coïncidence ! Pour ma part, j'arrêterai à 3700m avant de m'engager dans la facette finale un peu exposée est trop gazéifiée à mon goût. Julien aura passé 3h au sommet à profiter d'un panorama à couper le souffle. On prend le chemin de la descente un peu tard. La neige est désormais pourrie, on est les derniers à descendre. Sueurs froides et souffle court pour Julien et moi dans le haut des grands couloirs.
Après une crêpe au Nutella prise dans cet excellent refuge de la Vanoise je redescend au parking.

Fredo et julien resteront une nuit de plus. Julien qui est définitivement inépuisable se paye un petit AR à la pointe de la Réchasse vendredi matin avant de rentrer à Paris. Une bière de l'amitié à la gare de Grenoble et chacun retourne dans son quotidien des souvenirs pleins la tête. 


Un des rares passages sans neige 
Un des rares passages sans neige 
 Renaissance 
 Renaissance 
 Deux nuits sans dormir (ou presque !) mais toujours la banane 
 Deux nuits sans dormir (ou presque !) mais toujours la banane 
 C’est quand qu’on va où ?
 C’est quand qu’on va où ?
 Et voilà qu’on tombe sur Tonio !
 Et voilà qu’on tombe sur Tonio !
 Pas chaud quelque part sur le plateau glaciaire au nord du Pelve
 Pas chaud quelque part sur le plateau glaciaire au nord du Pelve
 L’eau liquide, une préoccupation majeure dans ce genre de raid 
 L’eau liquide, une préoccupation majeure dans ce genre de raid 
 Au départ 
 Au départ 
 Au sommet de Chasseforet 
 Au sommet de Chasseforet 
 Fredo dans le final de la grande casse 
 Fredo dans le final de la grande casse 
L’esprit du raid
L’esprit du raid
Julien avec l'objectif du lendemain dans le viseur
Julien avec l'objectif du lendemain dans le viseur

Commentaires

P
PascalC, le 01.05.22 08:32

Chouette récit. Belle idée 

S
sebast38, le 01.05.22 10:24

Un beau CR. Merci pour ce récit.

B
brunobf, le 01.05.22 11:06

Superbe. Vraiment  une très belle idée.

Q
Quercus, le 01.05.22 21:37

merci pour vos remarques. Pour info, la pulka que j’ai utilisé peut être louée ici : larandonnee.boutique/bivouac-itinerance-en-montagne/pulka-montagne-ski-randonnee-ski-nordique-pulkalps-location.html
Plus d’infos sur ce matériel par mp 

B
brunobf, le 02.05.22 08:08

maintenant vous êtes prêts pour partir avec Pierre Neyret  !!....www.karakoram-ski-expedition.com

Q
Quercus, le 02.05.22 08:53

merci bruno pour ce lien que je ne connaissais pas 

S
SebL, le 29.03.24 13:47

Bonne idée. Dommage que le bivouac (notamment en hiver) soit théoriquement interdit dans le Parc...

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