Sortie du mardi 19 avril 2022
MiRO, taramont
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Ciel bleu, cumulus en formation après midi
Conditions d'accès/altitude du parking : Route sèche
Altitude de chaussage/déchaussage : 1300 / 1200
Conditions pour le ski :
Enneigement continu en haut de la piste forestière
Gd Som Est moquette généreuse ****
Gd Som ouest descente sur Bovinant moquette courte bon grip **
Petit Som Est moquette généreuse ****
Border cross joueur presque jusqu'au parking
Activité avalancheuse : Ancienne coulée de grosse taille sous le Petit Som Est
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par MiRO)
L'heure est grave, l'accent aigu.
Un certain compte-rendu pascal, au motif d'un énième déchaussage masquant mal un manque de motivation évident, donnait hier à penser que c'en était fini du Grand Som, que la Chartreuse avait rendu l'âme, que la saison était morte, que la vie ne valait plus d'être vécue, que l'harmonie était rompue.
Et comme chacun le sait, si l'harmonie est municipale, l'affront est national.
Il fallait donc laver l'affront, lever le front, un petit tour et puis s'en vont. Une vraie affaire de spécialistes, d'amoureux acharnés, de passionnés poil-au-nez, d'experts en verte et jaune. Ni une ni un, c'est bien à deux que l'opération de lavage d'affront se mit en route à l'aube naissante, skis au pied du Grand Som, bien arrimés sur le sac.
Enième déchaussage ne veut strictement rien dire. Enième chaussage passe encore. Lavant l'affront national, nous nous sommes abstenus, non de voter, mais de relever les énièmes. Enième chamois batifolant sous Roche Rousse, énième chant de tétras dans l'arène, énième crocus jonchant Léchaud, énième corneille houspillant une perdrix.
Le Grand Som est au-dessus de ces chipotages, il demande joie et allégresse, passion et humilité, contentesse et béatitude. Ce qui, il faut bien l'admettre, est au jour d'aujourd'hui quasi impossible sans quelque élixir, dont les pères chartreux gardent jalousement le secret. En vérité, mais ça reste entre nous, craignant la sénilité, les pères ont confié ledit secret à sœur Taramont, qui en amène toujours une fiole en fond de sac.
Au cas où, dit-elle. Laver l'affront national fut un cas où, de farce majeure.
Voilà, c'est fait. L'affront est lavé, propre et rutilant, astiqué à coup d'elixir. Et pas de la verte ou de la jaune qu'on trouve dans les commerces, pas celle qu'on sort pour la énième fois. Non, de la 1605, la cuvée spéciale des grands jours, celle qui titre 56°, celle qui arrache le palais avant de révéler ses secrets. Le Grand Som est réhabilité, nos tuyauteries décapées.
Remerciements
Il semblerait que la communauté skitourienne se soit émue de cet affront national qu'il convenait de laver. La mission, alliant bravoure et dévotion, ne pouvant se dérouler que loin des foules, nous remercions toutes celles et ceux qui se sont abstenus de perturber une énième fois notre tranquillité du jour.
A part quelques photos, il n'y a rien à ajouter, la messe est dite et bien dite signé Soeur T
PS :
On voit la différence de niveau ! Je ne parle pas de la fiole
mais de la résistance de Mr Miro. Après un jour pareil, à 8h
tapantes, il est déjà capable de répondre à son abondant et
élogieux courrier des lecteurs ! Enfin, élogieux, je ne sais
pas vraiment. N'aurais-je pas perçu l'ombre de quelque reproche
relatif à notre intempérance ? Mais, mince, depuis quand
l'intempérance est-elle un défaut ? Surtout ici où fut
inventée cette 1605 dont je vous mets en garde (on est sur Skitour,
tous les dangers doivent être signalés) : une goutte vous
bénit, une larme vous ravit, un peu plus vous finit.
Merci
à vous tous qui avez perçu l'intense émotion cachée derrière ce
récit aux sens multiples et fête de plusieurs sens. Ça nous change
de la tirade dégoulinante de pathos par laquelle Mr Miro faisait –
dès le 26/3!!! - ses adieux éplorés à sa belle Chartreuse. Mais
ce n'était tellement pas lui de chouiner ainsi que je ne fut pas
dupe de son entourloupe. Voulait-il, égoïstement, nous enfariner
pour garder la Chartreuse printanière pour lui tout seul ? Ou
alors, perversement, voulait-il pleurer par anticipation pour
décupler son extase lors du énième Som, un peu comme moi qui suis
capable de mettre le réveil au milieu de la nuit pour avoir le
plaisir de me rendormir ? On ne saura jamais.
Mais
qu'importe. Cette journée fut un festival. Un festival de bêtes
sauvages en effervescence, de fleurs en colorance, de ciel en
flamboyance, de doux nuages en flottance, de papilles en
réjouissance, d'arabesques en toute aisance, de griseries-danses
et d'amitié prise en flagrance.
Sans
oublier le ski en jouissance. Car Mr Miro ne souhaitant pas éveiller
en vous le péché capital de l'Envie a coté la skiabilité à
« correcte » alors que moi, en conservant un
soupçon de vertu de Charité, je l'aurais qualifiée de « bonne ».
Vraiment
dernière sortie Chartreuse ? La question reste en suspens. Les
miracles de Chartreuse sont aussi innombrables que les caprices de la
météo. Mais,
pour moi, ce sera réellement le dernier Grd Som. Car ne vaut-il pas
mieux clore une idylle sur un souvenir de grand bonheur que de vivre
son inexorable déliquescence ?
Que
les absents, toujours présents à nos côtés, nous pardonnent de continuer à
vivre intensément notre passion jusqu'à notre propre fin.
Itinéraire suivi : Topo jusqu'au Grand Som, retour par la banquette Est, Petit Som, Parking - 13,2km
Horaires : 6h / 14h