Départ : Les Varvats (1042 m)
Topo associé : Grand Manti, depuis les Varvats
Sommet associé : Grand Manti (1805 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 1340 m.
Ski : 2.2
Sortie du lundi 28 mars 2022
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : temps idéal, aucun nuage, température tempérée
Conditions d'accès/altitude du parking : RAS
Altitude de chaussage/déchaussage : chaussage : 1450m sur le sentier de Tracarta avant la sortie de la forêt au pt de vue sur St Même - déchaussage : 1430m sur le sentier de Pratcel
Activité avalancheuse : RAS
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
L'envie était irrépressible. L'envie d'aller voir mon Eternel Fiancé tant qu'il gardait de sa superbe avec son paletot d'hermine que j'avais de bonne raison de penser de velours ces jours-ci. D'autant plus que les jours à venir seront sans doute moins fastes pour cette visite sportivo-sentimentale.
Lui (bougon) : C'est à cette heure-là que tu arrives ? Je te connaissais plus matinale !
Moi (furieuse) : Dis-donc, heureusement que j'avais un rdv ce matin sinon je n'arrivais sans doute pas du tout – ou même plus jamais ! - fallait pas cirer l'escalier à ce point-là, moi, j'ai eu comme l'impression que tu ne voulais pas que je vienne.
Lui (glacial) : un rdv ? Un rdv qui passe avant moi ?
Moi (rassurante) : t'inquiète, ce n'est pas ce que tu penses, je suis juste allée en consultation
Lui (radouci, même les banquises peuvent fondre, on le sait) : tout va bien ? Tu vas pouvoir revenir me voir ?
Moi (réassurée de ses sentiments pour moi): bien sûr, tu sais bien, mauvaise herbe.....
De toutes façons je savais qu'il était aussi heureux de me voir que moi de le parcourir. Il est un peu comme moi : son caractère ne s'arrange pas avec le temps. Mais moi, je le fais exprès pour que personne n'ait trop de chagrin au jour J.
Lui (assoiffé de news) : et quelles sont les nouvelles d'en-bas ?
Moi (triste) : si tu veux parler du vaste monde c'est toujours pareil, les grands se tapent dessus et les petits trinquent, si tu veux parler du monde le plus proche, aux Grattiers mes amis sont toujours aussi sympas et nous allons trinquer à mon retour
Lui (réjouis) : ah ça c'est une bonne nouvelle, je savais que j'étais bien entouré ! Oh regarde, là dans le ciel, une copine à toi avec sa voile Barbie.
Moi (dégainant) : très jolies couleurs pour la photo ! des fois, je les envie ces gens-là, d'en-haut ils regardent le monde tranquillement assis tandis que moi je prend des sueurs froides ou chaudes pour y arriver ; le temps que je dise ceci, la parapentiste était déjà montée très haut (je dis « la » parce qu'il n'y a que les Vierges qui assomptionnent aussi miraculeusement)
Lui (faisant son Caplain) : le ciel se mâchure, le temps se gâtera sous peu
Moi (riant) : tu parles à présent comme la mère Cottivet ?
Lui (irrité) : j'ai l'occasion d'apprendre ! Ils sont nombreux les lyonnais qui viennent ici le WE ; je hais les WE de beau temps, tous ces saucissonneurs qui laissent des détritus dans ma toupette de pins à crochets et alors faut que j'attende un vent d'ouest qui précipite tout vers les abîmes du Grésivaudan. Je dois quand même reconnaître que ce sont rarement des skieurs qui viennent ici. Savent pas ce qu'ils perdent !
Moi (tout en chaussant pour ma première descente) : tu es comme moi, je hais les dimanches de beau-temps au printemps ; les locaux jamais sortis de leur vallée et croyant que la terre entière est peuplée de nivéoles et de jonquilles font leur razzia dominicale (j'ai encore engueulé récemment deux vieilles toupies qui avaient les mains pleines de nivéoles, racines comprises!).
Enfin bref, je ne laisserai pas de détritus sur ta tête solennelle qui toise le Grésivaudan depuis des millénaires, je vais casse-croûter au soleil au bas de l'alpage.Lui (paternel) : prend bien garde si tu descend comme je le soupçonne en rive G de l'alpage, on peut avoir l'impression qu'elle est bordée par un ruisseau mais en fait c'est une longue faille verticale parfois TRES profonde et qui ne demande qu'à avaler de temps en temps un (e) avaleur (euse) de pente étourdi (e)
Moi (faisant ma maligne) : t'inquiète, papa, je connais, à tout à l'heure !
Lui (angoissé) : tu remonteras dis ? tu pars pas comme ça, je sais qu'on vous a mis l'heure d'été, tu as le temps et, je suppose, la frontale dans le sac ?
Moi (cool): bien sûr et aussi le ruban adhésif, je sens que je vais en avoir besoin, mes peaux ont l'air d'avoir plongé dans l'abreuvoir
un peu plus tard, sustentée, reposée au soleil sur un doux tapis de résineux, je reviens vers Lui
Lui (suspicieux) : alors c'était bien ? Ça valait le coup de me quitter pour quelques virages de plus ?
Moi (avec un sourire béat) : oh oui, c'était le pied, 110 virages, cette fois j'ai compté, sur du lisse de chez lisse, du velours d'apparat ; en plus, j'ai trouvé les premiers crocus, de petites merveilles, elles sont là en-bas, je te les dédie (et je lui montre ma photo) ; bon ce coup-ci, je m'en vais pour de bon mes peaux sont au bord de la noyade
Lui (toujours curieux) : tu ne vas pas au Fourneau ? La sauce doit y être aussi bien revenue qu'à l'Alpettaz.
Moi (avec regrets) : je sais qu'il n'a pas trop chauffé, le Fourneau ! mais non, il est trop tard, j'ai encore toute la traversée jusqu'à Pratcel puis la partie raide de la descente qui commencera à regeler ce qu'elle a pris la peine de dégeler et je ne peux pas arriver chez mes amis à minuit pour l'apéro
Lui (infiniment triste) :
il y a de fortes chances que je ne te verrai plus à skis, mais reviens de temps en temps cet été s'il te plaît, je vois de temps en temps passer le coureur d'arches, mais toi plus rarementMoi (franche) :