Jours de retraite à Colomban une seule église (Tepey-Gleyzin)

Massif : Belledonne
Départ : Valmaure (1205 m)

Topos associés : Col du Tépey, Combe du Tepey Col du Gleysin, par la combe des Roches

Sommets associés : Col du Tépey (2716 m) Col du Gleysin (2578 m)

Orientation : S

Dénivelé : 2940 m.
Ski : 2.2

Si la neige avait daignée se transformer en autre chose qu'un magma stoppeur finissant en flots ingérables, les 2j de retraite auraient été 3. Mais, après 2j de ce régime, les gambettes ont crié pitié bien que, il faut le reconnaître, il y eut des moments de régal aussi. Des moments.

J1 – 15/3/2022 - Col du Tepey par Valmaure – D+ 1520m – 19km

A Valmaure, il n'y a plus comme...il y a longtemps, des oies pour vous pincer les mollets au petit matin. Mais il y a toujours ce hameau qui défie le temps, un sentier bucolique bordé de bouleaux, de frênes, de noisetiers et d'autres encore. Il y a le hameau du Tepey dans son petit bois, les ravines à traverser, les ruisseaux à sauter. Tout ceci vous fait passer agréablement le temps, avec pour autre distraction, de temps en temps une purge en rive D avant d'arriver à la Pierre Barme où il s'agit de prendre une décision : Selle du Puy Gris ou Tepey ? Le jour était blanc mais nos humeurs n'étaient pas grises. On a dit Tepey, ce sera Tepey, même s'il faut tracer. On n'avait pas encore réalisé ce que cela voulait dire.

Il faut dire que j'avais pris mes précautions : je m'étais offert la présence de deux traceuses émérites. J'étais donc confiante même si, dès la bifurk pour le Tepey, le bottage s'annonçait inévitable. La seule question était de savoir pour combien de temps. On ne l'a pas su rapidement ...Mais, à chaque minute suffit sa peine et au début tout allait bien. Alternativement, Linaigrette et Pic Epeichette se relayaient à la tâche. Et moi, comme une tsarine fainéante, je suivais décontractée. Entre filles, jamais de stress : on n'a rien à prouver, c'est fait depuis longtemps. Cependant, 1ere – 2e ou 3e position, le bottage est le même. Et l'effort démentiel. Sur exactement 1000m de dénivelée.

Dans le vallon du Tepey, il y avait peu d'appelés et encore moins d'élus en cette journée du 15/3. Un jeune couple nous a rejoint peu après la Pierre Barme, peu après nous a dépassées et peu après a déclaré forfait. Un spliteur est arrivé jusqu'à 2500 et a déclaré forfait aussi.

Mes coéquipières me connaissent : renoncer juste parce que c'est pénible ? On n'y pense même pas. On renonce quand ça devient dangereux ou si quelqu'un est à l'article de la mort. C'est tout. Ce genre de philosophie doit être contagieuse : aucune n'a (expressément) signifié qu'elle en avait assez.

Et c'eut été une erreur majeure. Quand le ressaut le plus raide fut derrière nous, le ciel obscurci s'est déchiré, la neige aux tons éburnéens peints par le sirocco en a été magnifiée et le moral ragaillardi.

Même les rafales tempétueuses du col incitant la neige à une lascive danse des sept voiles et nous à une danse de St Guy pour saisir tous nos effets qui ne pensaient qu'à les mettre, les voiles, non, même tout cela n'a pas entaché notre plaisir d'être là avec cette neige en grande partie encore bien maniable jusqu'à ce que l'on arrive dans des zones à moindre déclivité où nous aurions bien aimé que ces ralentissements intempestifs soient évités à nos jambes fatiguées.

Quelle journée ! Effort, plaisir, amitié. Tout y était. A part la frustration du col dont nous n'avons vraiment pas pu profiter.

J2 – 16/3/2022 - Cols du Gleyzin (col 2565 et col 2578) – D+ 1420m – 17,3km

En fin de compte, les choses sont bien faites. Quand au fil des années, votre rythme commence à ralentir alors votre presbytie vous sauve : vous pouvez voir votre coéquipière de loin, même de très loin. Pic Epeichette était rentrée s'occuper de ses oisillons et Linaigrette sait que j'arrive toujours, la seule question c'est (comme pour la fin du bottage) « quand » ?

La montée de la combe des Roches commence d'une façon aussi bucolique que celle du Tepey. Je me sentais bien parmi tous ces arbres même si la fatigue de la veille n'était pas tout à fait absente. Le crux de la sortie de la forêt a été le passage de l'étroite passerelle du Plâtre : par un curieux phénomène nivologique, la neige n'avait pas fondu en hauteur mais en largeur de sorte qu'il restait une bande gondolée d'à peine la largeur de 2 skis sur une hauteur arrivant au niveau du haut de la petite rambarde et tout ça encore glacé le matin....

Car la nuit avait été claire. Mais en-dehors des abords du torrent, le regel s'était limité au minimum syndical, juste une mince croûte qui, le matin déjà , n'empêchait pas, sans prévenir bien sûr, la neige de s'effondrer sous les pas. Ça promettait pour le retour ! Mais les choses s'annonçaient quand même avec un léger mieux par rapport à la veille : pas de bottage, pas un souffle de vent, pas de chaleur incommodante non plus. 

A l'Orselle, même décision à prendre qu'à la Pierre Barme. Col des Fontaines ou Col du Gleyzin ? On avait dit Col des Fontaines, eh bien non, on change d'avis : en S la neige restera peut-être plus ferme. Et nous voilà parties pour le loooong vallon aux multiples alternances ressauts/replats.

Nous visitons d'abord le col 2565, au plus près du Charmet de l'Aiguille, puis par une petite traversée le col 2578. La vue est magnifique aux deux cols : sur le vallon du Gleyzin d'un côté, sur le Grand Moretan de l'autre.

La descente tardive est dans la soupe, mais 1 ou même 2h plus tôt n'auraient pas changé grand chose. Mais bon, ça tournait quand même. Croisé un intrépide jeune homme, venu de la Bourgeat Noire, descendu du Charmet de l'Aiguille et s'apprêtant à rentrer par le col du Gleizin.

Plein les pattes, plein les yeux, le plein de bonheur. Un grand merci à mes coéquipières sans lesquelles je ne serais pas allée aussi loin. 

Itinéraire suivi :topos

NB : heures des photos de J2 artificielles pour les distinguer de J1 -photos numérotées 5 - 7 - 15 - 18 - 25 -35 - 36 de Linaigrette (je ne sais pas pourquoi la numérotation commence à 5....????