Tencovaz : tant qu't-y-est, va !

Massif : Chartreuse
Départ : Station du Granier (970 m)

Topo associé : Mont Granier, par les barres de Tencovaz

Sommet associé : Mont Granier (1933 m)

Orientation : W

Dénivelé : 800 m.
Ski : 2.3

Le planning du jour n'était pas du tout celui-là. Pas du tout. Le planning était : grasse mat'/baillements prolongés/ptit dej/un peu de courrier/un peu de ménage/un peu de jardinage/sieste/etc.Faut dire que hier Lagoski nous a menés à un train d'enfer et je me suis promis ce planning tout ce qu'il y a de plus raisonnable. Mais, il ne faut jamais croire aux promesses, surtout pas à celles qu'on se fait à soi-même. La nuit a passé là-dessus et la Nuit je mens et je ne me pose pas une montagne de questions. Et, n'oublions pas, je suis la fiancée du Grand Manti. C'est pourquoi mon planning s'est arrêté net après /un peu de courrier/.

Et me voilà sur la route du col du Granier, vous savez ce col qui parait-il a trois versants. Et justement, je me suis rappelé qu'un contributeur avait invité tous les chambériens à visiter les Barres de Tencovaz (ou alors s'agissait-il des bars ? mais je n'en ai point trouvé) et, accessoirement, à monter par là au Granier. Le malheureux avait oublié les chartrousins de l'W et moi par voie de conséquence ! Blessure narcissique profonde. Mais faut-il être invité pour venir ici ? je n'ai lu cela nulle part. Cependant, par un souci de récupération doublé de modestie, je ne monterai que la piste me promis-je.

La piste ne fut qu'une formalité. Certes, je suis partie tard, mais est-ce une raison pour rentrer tôt ? J'ai estimé que non. Et il faut toujours se fier à ses propres estimations. Le bois s'est laissé monter, pas de problème. Mais que voici une belle trace qui monte gentiment dans la prairie ! Il serait dommage de ne pas honorer un travail de cette qualité. Un petit air délicatement rafraîchissant me laisse à penser que la pente ne se liquéfiera pas immédiatement.  Et voilà que de larges zigzags tout confort en d'autres permettant de varier la vue (vallée des Entremonts au S, lac du Bourget au N), je me trouve au pied des barres à une distance d'une quinzaine de mètres de dénivelée que j'estime - et je me fie une nouvelle fois à mes estimations, d'ailleurs j'ai beau tourner la tête dans tous les sens, il n'y a personne pour me conseiller -. Donc, j'estime qu'il vaut mieux ne pas frôler ces falaises de trop près et d'ailleurs la neige vient de changer soudainement de consistance. Et puis, je ne voudrais pas faire de l'ombre aux chambériens en attaquant à mains nues ces fameuses barres !

Je m'attendais à fendre les flots profonds d'une mer lourde. Certes, ce n'était pas un petit clapotis bercé par la brise. Mais mes skis Barbie ont vaillamment fendu les flots sans broncher et même avec allégresse. Quelques bulots roulaient à leurs côtés et il y eut vers le bas de la prairie quelques étocs à contourner. Résineux comme fayards avaient lutté en pure perte toute la matinée : la dignité de la neige n'avait pas pu être défendue avec succès jusqu'à cette heure indue de mon passage.La piste quant à elle a encore offert un tour honnête.

Morale de l'histoire : il ne faut jamais hésiter à échanger le planning d'un aï contre celui d'un chamois.