Solstice d'hiver à la Petite Chaurionde et préliminaires.

Le solstice d'hiver est comme chacun le sait le jour le plus court de l'année. J'avais, en toute inconséquence, mijoté une balade longue pour lundi, jour où la durée du jour était de 8h14. On peut en faire des choses en 8h14 ! Eh bien, je ne peux pas dire que j'ai « fait » des choses mais il s'en est « passées » des choses. J'aurais pu appeler la sortie « Toute une journée bien ratée » ; dans le détail, ça prendrait des km d'écriture et je connais les limites de votre patience. Donc en bref, imaginez une journée où, au détour d'un virage sur une RF ténébreuse, vous vous trouvez tout à coup nez à nez avec une patinoire olympique que quelqu'un a posé négligemment - et pas tout à fait horizontalement – au cœur d'une forêt qui aurait mieux fait de ne jamais voir le soleil raser ses houppiers chargés comme des mules pour en arriver à ce résultat-là. Au sommet de la patinoire, quelques véhicules en désarroi. Et moi ainsi qu'un quidam suiveur bien vite dans le même état. Un véhicule privé de son conducteur qui part en marche arrière, de longues heures à attendre qu'un véhicule adéquat viennent nous sortir de ce bourbier, redescendre au pas aussi lent que mon pas pédestre et finalement stationner bien plus bas que prévu. Que faire à midi bien passé quand le jour tombe si tôt, fatigué de toute son année de travail ? Ben, sortir les skis qui s'impatientent, les mettre sur le dos, gravir à pied ce que les roues n'ont pas su gravir, puis enfin entrer dans l'hiver belledonnien où règne un silence de circonstance. Mais, c'était sans compter sur les ravages du redoux sur la forêt : une hécatombe. Devant un énième obstacle à surmonter, je me suis dit que non, l'accrobranche ça va 5mn mais là ça en fait déjà quelques unes de plus. Basta. Car en ce vallon obscur la nuit tombe avant le coucher officiel du soleil, croyez-moi. Non, je ne vous dirai pas où c'était : c'est un itinéraire secret où personne ne va jamais - et pour cause ! - surtout pas au solstice d'hiver.

Résultat ☹️ : 335m D+ et 7km (que je me permet d'ajouter vu ce qu'ils m'ont coûté)

Aujourd'hui, changement de décor et en bonne compagnie. J'ai beaucoup hésité à parler de Chaurionde, sommet à présent aussi mythique que les Drus, et encore davantage de mettre des photos, tant celles qu'on voit de jour comme de nuit sont époustouflantes. Mais bon, c'est notre Chaurionde à nous, n'est-ce pas pic-épeichette, et nous en avons savouré l'esthétisme remarquable..... même en plein jour. Dès le départ, nous avons compris être entrées dans l'hiver. Bien sûr, d'autres, bien d'autres, que nous ont remonté cette piste et sont entrées dans les hauts pâturages de l'Aulp de Seythenex. Aujourd'hui, plusieurs traces offraient le choix de l'intensité de l'effort qu'on souhaitait (ou pouvait !) fournir. Et quand le soleil d'abord nous a effleuré le visage puis enveloppé de sa chaleur hivernale tempérée par un infime souffle coquin, nous étions à l'endroit pile pour admirer les esthétiques drapés qui descendent en E du sommet principal. Si, comme ce jour, la neige n'est pas excellente mais quand même très bonne, vous avez un petit voyage ombreux de 500m de dénivelée de descente bien régulière qui vous comblera. Se poser alors au soleil devant le chalet de l'Aulp de Setheynex et savourer encore et encore une vue qui vous offre une remarquable introduction aux paysages de Hte Savoie. Ensuite aller chercher les douces pentes N qui, par un petit bois qui garde bien la poudre, vous ramène à la piste. Au parking, discrète agitation des skieurs de randonnée, de piste et des raquettistes mélangés.

Le silence et le plein hiver nous irons les rechercher grâce à un petit détour par l'abbaye de Tamié, blotti dans son écrin de neige et de givre.