Départ : Pont de Valombré (780 m)
Sommet associé : Charmant Som (1867 m)
Orientation : N
Dénivelé : 1055 m.
Ski : 2.3
Sortie du dimanche 12 décembre 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : froid pas trop intense, parcours relativement bien abrité de la bise - beau temps sans nuage
Conditions d'accès/altitude du parking : 780m - stationnement difficile car Pont Vallombré et Pkg du Pont du Grand Logis mal déneigés
Altitude de chaussage/déchaussage : 780m
Conditions pour le ski : excellentissimes avec quelques zones plus denses là où l'air circule mieux - partie forestière au-dessus du Pont de la Tannerie un peu plus chaotique mais bien skiante toutefois
Activité avalancheuse : RAS en cours de journée mais coulée de la dernière couche de neige probablement partie la veille en rive G de l'itinéraire
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu
Que faut-il à votre avis pour faire du bon ski par une radieuse journée d'hiver, dans une Chartreuse gavée comme une oie de Noël (quand même la radieusité n'aura duré que 3mns ) ? Eh bien, il vous faut un excellent farteur et un excellentissime traceur. Ceci une fois trouvé grâce à votre charme (même si résiduel), vous pouvez envisager de grandes choses qui, sans ces deux éléments, seraient restées à l'état de rêve.
Une fois de plus, on va sans doute nourrir à mon égard une rancune éternelle (même si cette éternité ne durera surement plus très longtemps), mais il faut bien organiser des itinéraires de délestage pour que les Som, les Pravouta, les Scia et autres taupinières à ma portée redeviennent fréquentables les jours où le farteur skie des abimes insondables de son côté et où le traceur se fignole des itinéraires improbables d'un autre côté.
Donc Valombré. Rien que le nom, vous enlevez tout de suite la crème solaire de votre sac. Vous mettez une 2e paire de gants à la place et vous vous frottez les mains, et pas pour une seule raison.... Stationner est la première difficulté. Devant le pont de Valombré, nada. Reste le pkg du Pont du Grd Logis : 2 places mal dégagées mais ça va le faire. Les éventuels candidats seront découragés d'avoir à parcourir la route pour trouver une hypothétique place et voilà votre solitude garantie. Pensez quand même à venir suffisamment tôt pour ne pas être vous-même le dindon de la farce.
Quand je vois démarrer mon traceur, je cherche dans ma mémoire quels exercices zen seraient appropriés pour ne pas plonger dans une dépression aussi profonde que le manteau neigeux. Mais qu'ai-je à craindre ? Il ne peut pas me semer, la tranchée qu'il taille trahit son passage pour les myopes comme pour les presbytes.
Je me laisse happer par le silence et le calme et j'entre dans le sanctuaire où quelques arbres immenses (et je pèse mes mots) se sont sacrifiés pour nous offrir le loisir de méditer sur la fin de toute chose.
Mais ce n'est surement pas de cette journée que nous attendons la fin ! Au contraire, elle pourrait durer toujours. Le temps n'existe plus. Ici c'est l'éternité de l'instant. Et parfois un instant qui devrait être un instant prend une éternité quand il me faut me hisser sur des ressauts gymniques que mon traceur a surmonté en deux temps trois mouvements, serait-ce au prix d'une prise de branche salvatrice.
Dans la forêt c'est le bonheur, au-dessus c'est la félicité. Il était indéniable que cette descente serai d'anthologie. Oui, pour une fois, moi aussi je me permets de mettre en avant mes qualités d' happenstance (même si l'idée de cette sortie, je dois l'avouer, est issue de la plus vaste bibliothèque de courses qui puisse exister et qui loge dans la tête de mon traceur).
Qu'y a-t-il de plus beau qu'une clairière solitaire suspendue d'où s'échappe péniblement un chamois perdu et d'où votre regard peut se nourrir de tous les Som, de la Dent de Crolles et même de Belledonne au loin ? Là-haut le Charmant Som fume et nous sommes satisfaits de n'avoir qu'un petit courant d'air qui s'en échappe pour dépeauter.
Et alors, le Graal. Serpenter sans effort, sans risque d'accroc sinon à une branchette facétieuse, se laisser glisser de ressaut en ressaut, de combe en bosse sans même se demander ce qu'il y a dessous. Voir venir le chemin de Valombré et se dire que non, on ne peut pas s'arrêter là, s'offrir la dernière clairière, suivre les traces des mouflons jusqu'au Pont de la Tannerie, romantique en diable, et remonter pour finir par une glisse d'une douceur exquise jusqu'au bout.
Vous nous enviez. Je vous comprend.
(photos 1,2,3,11 de Gilles)