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Sorties > Beaufortain > Parozan: chapitre 2, suite et fin

Parozan: chapitre 2, suite et fin ⭐

Massif : Beaufortain
Départ : Cormet de Roselend (1967 m)

Topo associé : Col du Grand Fond, normale

Sommet associé : Pointe de Presset (2858 m)

Orientation : NE

Dénivelé : 700 m.
Ski : 2.1

Sortie du samedi 26 juin 2021

thouthou

Conditions nivologiques, accès & météo

Météo/températures : grand beau, frais le matin
Conditions d'accès/altitude du parking : parking au col
Altitude de chaussage/déchaussage : 2200/2000
Conditions pour le ski : correctes

Activité avalancheuse : RAS

Bonne neige dure à la montée, en baskets jusqu'au sommet. Décaillé à la descente, bon dès 9h plein est raide, faut attendre un peu pour ce qui prend moins le soleil de face. Encore bien gelé à l'ombre à 10h. Pas mal de relief tout en haut, ça fait les cuisses pour amortir, mais très bon dès que c'est lisse vers 2400m. Bonne glisse sur tout le vallon. Un peu de saute-mouton en dessous de 2150m: pas mal de petits déchaussages. j'ai gratté jusqu'au dernier névé pour arriver jusqu'au chemin à skis, point 2009m.
C'est impressionnant comme ça a fondu en 10 jours... là c'est vraiment la fin!

Skiabilité : 😐 Correcte

Compte rendu

Itinéraire suivi : du Cormet de Roseland, montée rive gauche du vallon, brèche de Parozan, traversée au col du Grand Fond, descente rive droite.

Horaires : 7h-11h


Résumé de l'épisode précédent:

Lors d'un mythique week-end 2 semaines plus tôt (1),
où nous visitâmes l'Aiguille des glaciers et la brèche de Parozan,
nous pensions la saison terminée en beauté par cette magnifique "dernière" autour du Cormet de Roselend.
Sortie néanmoins ternie par la perte tragique - découverte de retour à la voiture - d'un membre de notre brillante équipe:
mon fidèle et vieux piolet "goulotte". Un léger arrière-goût d'amertume taraudait notre conscience...


La suite...

J'ai tenté de me consoler: la brèche de Parozan, c'est quand même un bel endroit... quitte à perdre quelque chose,
autant le faire avec classe dans un lieu qui en vaille la peine. Et pour y passer l'éternité, la vue est belle,
c'est pas plus mal que le recyclage - ou pire: la décharge.

J'ai essayé de me faire à l'idée que cet artefact fût retrouvé dans quelques milliers d'années par des archéologues,
interloqués par cet outil à la destination inconnue, dans un monde sans neige ni glace, aux alentours de la dune
du Mont Jaune, point culminant de la région à 481m.

J'ai accepté la possibilité- moins improbable - qu'un chanceux randonneur le retrouve, et en face bon usage...
qui sait, peut être cela lui donnera l'envie de se lancer à la découverte de la haute-montagne,
comme avec ce vieux Simon rando-alu découvert dans un placard, et qui a guidé mes premiers pas en crampons du côté de Trient.

J'ai convoité son remplacement par un appareil dernier cri... je me souviens des gentilles moqueries du guide nous encadrant
à une journée sécurité de la Chamoniarde il y a quelques années, pointant la lourdeur de ce vénérable ancêtre face aux dernières nouveautés en terme
de matériaux, de forme, et d'efficacité. Un beau manche carbone galbé bien flashy de chez Japhet Cool (2), avec lame titane-iridium, ça fait rêver.

J'ai succombé à la facilité... pfou là là c'est loin le Cormet de Roseland... 3h de bagnole l'autre jour, ça roulait mal. Et mon empreinte carbone alors?
J'aime pas faire deux fois de suite la même course (3). Et puis, il va falloir se retaper ce bien joli mais loooong vallon de la Neuva. Sans garantie de ski vu la météo depuis...


Hier soir, à la vue d'un ultime créneau avant l'estive, j'hésite à aller faire un petit Tour vers le glacier homonyme.
Mais je cogite.
Toute la team cogite.
Le sac-à-dos a le moral à zéro, il se sent fautif de n'avoir accompli son devoir de porte-che-pio .
Les crampons sont déprimés, ils étaient inséparables, et admiratifs de sa grande pane affutée.
La corde, les mousquetons, et toute la quincaillerie son tristes, c'était un bon copain toujours prêt à donner un coup de main.
Le chien est désolé, il n'a pas aboyé quand le piolet est tombé.

Et moi dans tout ça?
et bien... la petite étincelle de ressentiment qui subsistait au fond de mon coeur a finalement fait exploser la poudrière...

Mais merde alors, les boules, ce piolet c'est pas une paire de chaussette qu'on change tous les 2 jours (4) !
Ce merveilleux piolet, inauguré au Couturier 20 ans plus tôt, extension naturelle de l'homo-alpinus,
qui m'a accompagné dans toutes mes escapades glaciaires depuis, et tenu accroché à une vie trépidante d'aventures et d'émerveillements dans la montagne...
finalement aussi peut être le seul objet pérenne, indestructible et durable dans ce monde ou on jette tout pour rien.
celui qui m'accompagnera jusqu'à ce qu'il laisse la place à une canne.

Alors hier soir, je dis non !!! Je me rebelle !!! On n'abandonne pas le soldat Rayan !!!

Le plan de bataille est vite mis en route. Finalement, ça n'est que 130km... on roule pas vite, mais c'est pas bien plus loin que Chamounix. on va se lever tôt pour éviter la circulation. Je relance une analyse détaillés des photos et vidéos de la dernière fois... le lieu de disparation est circonscrit à mon itinéraire entre la brèche et le col,
avec quelques gros rochers facilement repérables. Chance estimées: mieux que 50% au motivomètre, si personne ne l'a trouvé depuis.
Surtout que la traversée avait déjà une sale gueule l'autre jour, il y a peu de probabilité de passage sur place depuis.
Allez zou, c'est décidé.


- 4h15 réveil. ça pique.
- 4h40 départ. qu'est ce que c'est beau l'aube en été.
- 6h55 arrivée. ça roulait vraiment bien.
- 7h10 début du portage. ouh là là, ça a drôlement fondu. la piste est sèche jusqu'au bout.
- 8h20 bas de la face. la montée était roulante, en baskets. je suis frais cette fois. ça a vraiment fondu, beaucoup de caillasse dans la traversée, ça va être chaud! le motivomètre retombe à 25%.
- 8h50 brêche. j'ai tergiversé, en faisant une grande traversée. j'ose pas y aller... le dénouement inévitable se rapproche. l'incertitude est aussi synonyme d'espoir. une fois que je serai allé voir, plus de place au doute...
- 9h00 1er échec. rien au départ.
- 9h10 je traverse par le haut. rien. faut déchausser et passer dans la caillasse, galère. toujours rien. j'avance doucement en regardant aussi les contrepentes du bas, s'il a glissé.
- 9h20 ouh là là, c'est grand cette face !!! le motivomètre chute à 5%. il y a un max de cailloux... j'ai peur de passer à côté sans le voir.
- 9h25 je repère le rocher caractéristique sous lequel j'étais passé à skis. j'étais un peu haut. je redescend vers le rocher, à pied dans la caillasse.
- 9h27 au détour du rocher: bingo! ca y est! il est là, posé par terre! il m'attendait sagement... la vache, ça fait du bien, je n'y croyais plus!
- 9h45 pause contemplative au col du Grand Fond. De loin, il commence a y avoir des trous à l'Aiguille des glaciers, mais ça à l'air de skier encore jusqu'en bas de la moraine.
- 10h00 descente bien agréable... le ski est même meilleur qu'il y a 2 semaines.
- 11h00 voiture
- 12h40 arrêt baignade au lac d'Annecy... trop bon!
- 14h00 L'enfant prodigue est de retour à la maison. Il passera une nuit en observation, avant ponçage, graissage, et aiguisage, pour de nouvelles aventures.
- 15h00 une irrésistible besoin de partager cet heureux dénouement me lance sur mon clavier. mais voilà, avec toutes ces coupures, c'est plus long d'écrire que de skier.


Je range les skis, mais j'ai désormais une envie furieuse d'aller marcher sur la neige avec mon compagnon retrouvé, vu les excellentes conditions du jour. En vous souhaitant à tous un bel été, au plaisir de vous lire cet automne! Prenez soin de vous, et de votre matériel...


(1) skitour.fr/sorties/152131
(2) à lire: La conquête des Plateaux - Jean-Pierre Banville
(3) sauf le Reculet
(4) j'aime partir en bivouac léger, même si ça sent un peu

Arrivée sur les lieux du drame
Arrivée sur les lieux du drame
La calotte sommitale a bien perdu 2m en 10 jours
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Mission réussie! Il était là...
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Conditions Aiguille des Glaciers
Conditions Aiguille des Glaciers
Presset et Pierra Menta
Presset et Pierra Menta
Finir avec des conditions pareilles, ça donne la banane !
Finir avec des conditions pareilles, ça donne la banane !
La zone de recherche... à l'horizontale du point haut de la brèche.
La zone de recherche... à l'horizontale du point haut de la brèche.
Encore de la neige rive droite.
Encore de la neige rive droite.
Dernier virage de la saison au bord du chemin.
Dernier virage de la saison au bord du chemin.
22°, parfait pour relaxer les pieds ... place à l'été !
22°, parfait pour relaxer les pieds ... place à l'été !

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