Départ : Chamrousse (Roche Béranger) (1750 m)
Sommets associés : Col de l'Aigleton (2266 m) Croix de Belledonne (2926 m) Croix de Chamrousse (2250 m) Ferrouillet, Pointe Centrale Nord (2571 m) Grand Van (2448 m) Grande Lauzière (2741 m) Pic de la Belle Etoile (2718 m) Rocher Blanc (2928 m) Rocher de l'Homme (2755 m) Pointe du Sifflet (2286 m) Pic du Grand Doménon (2802 m) La Botte (2248 m)
Dénivelé : 5000 m.
Sortie du vendredi 23 avril 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Beau temps, temps plutôt frais
Conditions d'accès/altitude du parking : Pas de portage à Chamrousse
Altitude de chaussage/déchaussage : 1700/1450
Conditions pour le ski : bonnes
Activité avalancheuse : RAS, pas mal de pentes purgées
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Pierre Gignoux et Brice Filliard retentent leur projet de traversée XXL de Belledonne (objectif 21 sommets - comme 2021 - et 10k positifs). Après les avoir accompagnés sur la fin il y a trois semaines (où ils abandonnent à 7,7k positifs), je decide de me lancer dans le grand bain, à savoir partir avec eux de Chamrousse et tenir le plus longtemps possible. Reveil 1h20, sur les skis à 2h. Ça pique mais une fois lancés on oublie l’heure. Les sommets défilent sous la lumière spectrale de la Lune, des pentes raides et engagées demandent d’être parfaitement réveillé et concentré. Heureusement la recherche d’itinéraire n’est guère un soucis, j’ai sûrement les meilleurs guides du massif avec moi.
Le rythme est de suite soutenu, les transitions se font aussi vite qu’en course. Le timing millimétré n’autorise aucun répit. Ajoutez à cela des montées en neige béton qui demandent pas mal d’influx, les bras sont sollicités pour éviter de zipper. En partant si tôt, j’ai l’impression que la nuit ne finira jamais. Aucun accroc jusque là, je suis sans problème.
Au col de l’Aigleton, je ne parviens plus à recoller, ma vitesse plafonne. Je fais une croix sur la Dent du Pra pour aller directement à la Belle Étoile. J’y retrouve Pierre qui m’attend, espérant que j’ai recouvert mes forces qui me quittent pourtant irrémédiablement. La traversée ne sera pas pour moi, cela devient clair comme de l’eau de roche. Je lui signifie donc que ce n’est plus nécessaire de m’attendre. Dans un dernier élan d’orgueil, j’espère secrètement pouvoir finir au Gleyzin avec eux en prenant quelques raccourcis. Mais la dure réalité me rattrape par le col (de l’Amiante) dans l’ascension du Rocher Blanc où la somnolence me terrasse. Plusieurs fois je me retrouve arrêté, arc-bouté sur mes bâtons comme à l’arrivée d’un KV.
Non, décidément je n’avance plus et le clignotant sera mis à Combe Madame pour mettre fin au calvaire. Une dernière descente en poudre permet de savourer pleinement cette journée qui se finit à midi seulement dans le printemps verdoyant du vallon de Fond de France. Quel contraste avec toute cette neige présente en haut ! Plusieurs stops plus tard (dont un skieur qui va presque à ma destination !), retour à la casa, douche, sieste salvatrice, repas... Et dire qu’à l’heure où j’écris ces lignes (20h45), les pieds encore endoloris, l’équipée poursuit le périple accompagnée de ses porteurs d’eau disséminés dans Belledonne nord. La nuit tombe, arriveront-ils à finir cette folie ?
Pour revenir sur mon crash test perso, je pensais honnêtement atteindre les 7k positifs, ayant fait par le passé des 4k en finissant relativement frais. Plusieurs raisons à cette fin prématurée, certains interconnectés, on ne sait jamais vraiment : sommeil extrêmement court, départ trop soutenu, difficultés à s’alimenter en conséquence, forme moyenne ces derniers jours. Bref, l’ultra-ski ne me correspond pas tout à fait et au-delà de 10h je décline, mais l’expérience n’en est pas moins intéressante, et je compte bien rallier un jour le Grand Cucheron ! Comme disait l’autre : « le succès, c’est d’aller d’échec en échec avec enthousiasme ».