Départ : Chamrousse (Le Recoin) (1650 m)
Topo associé : Traversée de Belledonne, Intégrale depuis Chamrousse
Orientation : T
Dénivelé : 5910 m.
Ski : 3.3
Faune : cet itinéraire passe près de zones sensibles. Voir consignes sur fiches topo
Sortie du dimanche 28 mars 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Des brumes au départ vendredi après-midi sous 2200, puis grand clair. Nuit froide mais peu de vent. Etat de la route : ras
Altitude du parking : 1750
Condition frôlant l'idéal pour une traversé S>N. Neige de printemps en sud, neige d'hiver en nord...
Donc versant "chauds" bien fermes toute la nuit et la matinée pour des montées efficaces et les looongues traversées. Quelques passages en neige dure irrégulière voire en boules, du côté de la Combe Madame notamment. Spéciale dédicace à la montée au col du Tépey avec sa première moitié hyper efficace en neige ultra lisse (en couteaux, même le Steph s'y résigna), longeant les zones en grosses boules.
Poudre tip top dans les versants nord et pentes froides, donc pour presque toutes les descentes (quelques contre pentes un peu tassées, pour faire le difficile, et exception moitié inférieure de la descente du col du Mouchillon et fin Balme en croûte).
Couloir NE de la Balme : départ défoncé (marches/dérapages) puis gros stock de poudre froide trafolée.
Fin en neige lourde vers 16h au Collet d'Allevard (pour achever les cuisses).
Altitude de chaussage (montée) : 1750
Altitude de déchaussage (descente) : 1640
Activité avalancheuse observée : ras
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Mi., Ma. St. Na. Pau.
Roche Béranger - Croix de Chamrousse- Col de Freydane - épaule Rocher de l'Homme - Brèche de Roche Fendue - Col de la vache - Col du Mouchillon - Col du Tépey - Selle Puy Gris - Col de Comberousse - col du Morétan - col du Crozet - couloir NE de la Balme - col de Claran - Collet d'Allevard
3 ans que j'y pensais sérieusement. 3 semaines pour Micha et Marion... Et 3 jours pour Steph ! Autant dire que nous ne savions pas vraiment qui irait au bout de la traversée, et que sa fin (à combien et où ?) était loin d'être claire dans nos esprits. D'autant qu'à proposer le projet (d'abord pensé en solo) à ces marioles, je n'imaginais pas qu'ils et elle allaient surenchérir en proposant en plan A de pousser... Jusqu'aux Grands Moulins (ben voyons !). Seule chose évidente : les astres étaient alignés : pleine lune, dispos, météo et nivo nous promettaient une fenêtre qu'il était hors de question de rater !
Alors comment écrire une sortie Skitour sur ces 23 heures de ski, presque 6000 mètres de D+ et 64 kilomètres ?
On peut commencer par la simple chronologie, qui intéressera peut-être les oufs suivant.es. Départ de Roche Béranger, vendredi 16h30. La montée jusqu'aux lacs du Doménon est tranquille. Un peu de brouillard, mais l'Echaillon est bien tracé, on se pose donc peu de questions (on repeaute ? Non, et on a bien fait). Pause vite fait devant le refuge de la Pra, blindé, le temps d'ajuster chaussures-chaussons-chaussettes en prenant en compte les premiers frottements, et de se préparer à la nuit qui arrive.
Les verrous des lacs passent au crépuscule tandis que la lune se lève (bien fichu). La première vraie descente, sur le glacier de Freydane, nous confirme ce que l'on espérait : la neige est poudreuse à souhait en versants froids, ça va être de la balle.
La nuit, c'est long, froid et magique. Descente du rocher de l'homme excellente, longue traversée après Roche fendue en neige dure (première séance "dahut", et morfle la cuisse gauche, y'en aura d'autres). On y suit la trace GPS de Gignoux sur Skitour pour rester au plus haut. On y crame un peu d'énergie en petites remontées en escalier ou à pied, mais on économise du dénivelé. On refera la même pour atteindre la selle du Puy Gris, là clairement un excellent raccourci.
La pleine lune créé une ambiance splendide, le froid raccourcit les pauses. Nous en ferons deux cependant pour manger et faire du thé : une sous le rocher de l'homme, l'autre au refuge de combe madame. La salle principale est bondée, ça dort sur les tables, on reste dans la petite cuisine en espérant ne pas avoir troublé le sommeil des dormeurs. On y change de chaussettes, aussi (important, ça, la paire de chaussettes sèches de rechange ! Marion se repentit d'avoir tardé à l'utiliser...).
Sous le col du Tépey, la lune se couche et le jour se lève (bien fichu, on vous dit...). Malgré quelques coups de barre, l'équipe tient la route admirablement. Micha et Steph gèrent l'itinéraire au top, téléphones-Gps en main. On tient l'horaire prévu pour aller jusqu'aux Grands Moulins jusqu'au 7 laux... Et après c'est mort. On discute un peu (Rocher Blanc ou pas ?), mais les décisions se font toutes seules. Et nous sommes rejoint.es au col du Morétan par Pau. et Na. qui nous montent gaufres, gâteau, sirop, et rejoignent l'équipe pour la fin.
Celle-ci, d'ailleurs, va falloir en décider. C'est au col du Crozet que ça se joue. Une fois le renoncement aux Grands Moulins acté, trois descendront vers St Hugon. Pour la beauté du geste (finir le plus au nord possible), et parce que bon, le dénivelé, marre. Trois remontent vers le Collet d'Allevard. Pour la beauté du geste (Chamrousse-Collet, ça pète !), et parce que bon, le dénivelé, ho oui encore !).
On pourrait aussi raconter les petites galères, forcément y'en a. L'arrivée une heure trop tôt à la gare de Gières (l'impatience ? Bravo on commence sérieux !). Une fixation bloquée en position montée (pipi dessus pour la dégeler...), un couteau qui redescend tout seul sous le col du Tépey côté Roche Madame (si vous tombez dessus...), des peaux qu'on croit avoir oubliées ou perdues en route, mais finalement non). Mais en fait, pas grand chose de palpitant : pas de vraie perte de lucidité malgré la fatigue, cette équipe est béton, on vous le dit !
En fait, ce qui restera, ce seront sûrement surtout nombre de moments magiques. Sous les Doménons, le jour s'en va derrière nous, lumières rouges sur la ville, tandis que la lune se lève devant, énorme. Au Tépey, la lune se cache derrière les falaises tandis que les premières lumières de l'aube éclairent le col au dessus de nous. Les virages magiques pleine poudre sous la pleine lune. Les premiers sommets illuminés après la nuit. Les comparses de l'aventure ensemble à la selle du Puy Gris ("vous êtes beaux !" / "Heu, surtout on est encore debout"). La grosse pause gâteau au chocolat avec Pau. et Na. dans le magnifique vallon du Bens. Ou, aux Plagnes après une dernière montée qui n'en finissait pas, se retourner et voir Belledonne qui s'étend jusqu'à bien loin. Bon sang, il y a presque 23 heures, on partait de là-bas !
Je laisse de la place dans les photos : les comparses complèteront avec les leurs. Et je mets le fichier Gpx dès que je sais comment le réduire à moins de 500Ko :D