système 1 / système 2 les deux vitesses de la pensée
C'est un livre de Daniel Kahneman, prix Nobel d'économie. Sa théorie sur le mode de fonctionnement de la pensée me semble intéressante quand on la met en parallèle avec l'impact du facteur humain dans les conditions de risque d'avalanche.
Je cite l'interview de l'auteur dans philosophie magasine :
www.philomag.com/les-idees/entretiens/daniel-kahneman-les-gens-sont-infiniment-compliques-7155
notre cerveau est régi par deux personnages conceptuels que sont le « Système 1 » et le « Système 2 ». Comment les présenteriez-vous ?
Le Système 1 régit notre intuition : il est automatique, procède par associations, cherche les relations de cause à effet et ne s’appuie que sur le particulier. Il n’a aucun atome crochu avec les statistiques ou les grands ensembles. Ce qu’il veut, ce sont des histoires, il cherche la cohérence. Or la cohérence ne dépend pas de la quantité de connaissances et de preuves qu’on a sur un sujet : nous pouvons tirer des conclusions fortes à partir de très peu. C’est ce que j’appelle « Covera » : c’est « Ce qu’On Voit Et Rien d’Autre » qui gouverne la plupart de nos impressions. Prenez par exemple « l’effet de halo » qui nous pousse à parer de toutes les qualités (intelligence, fiabilité, compétence) une personne qu’on a trouvée simplement sympathique lors d’une soirée. Dernier point : le sentiment d’aisance avec lequel le Système 1 trouve une réponse renforce sa confiance dans son jugement…
Et en face, le Système 2 est paresseux…
Le Système 2 a la capacité de raisonner, de résister aux suggestions du Système 1, de ralentir les choses, de faire preuve d’analyse logique et de livrer nos illusions de validité à une autocritique. Mais il n’intervient que contraint et forcé. Lorsque notre Système 2 entre en action, nos pupilles se dilatent, notre rythme cardiaque s’accélère, notre cerveau dépense une dose de glucose. Cela demande effort et concentration de pouvoir soutenir deux scénarios contradictoires. C’est pourquoi, la plupart du temps, le Système 2 se contente de valider les scénarios d’explication qui viennent du Système 1 : il est plus facile de glisser vers la certitude que de rester campé sur le doute.
D’où, souvent, de fausses justifications à partir de faits lacunaires ?
Revenons à notre étanchéité à l’égard de la logique statistique. Une enquête sur les 3 141 comtés américains nous apprend que le taux de cancer du rein le plus bas se rencontre dans des comtés ruraux, peu peuplés et situés dans des États votant traditionnellement pour les républicains. Vous réfléchissez quelques secondes, écartez le facteur républicain, vous focalisez sur la dimension rurale de ces comtés et en concluez que, en effet, un mode de vie plus sain, sans pollution ni nourritures chimiques explique que les cancers soient moindres. Mais voilà, cette même enquête révèle que les comtés où il y a le plus de cancers du rein sont ruraux, peu peuplés et situés dans des États votant traditionnellement pour les républicains ! Logique, me répondrez-vous : la pauvreté et l’accès difficile aux centres de soin expliquent pleinement ce résultat ! À chaque fois, vous avez puisé dans votre mémoire associative pour offrir l’explication la plus cohérente. Mais la vérité est que les petits échantillons enregistrent – statistiquement – des résultats extrêmes, dans un sens comme dans l’autre : ils ne sont simplement pas représentatifs.
Grand merci !
Il est en effet probable que la plupart des montagnards se complaisent dans le système 1, et c'est bien dommage.
... mais il faut bien admettre que, s'ils écoutent tout le monde, ils n'ont pas grand chose de solide à se mettre sous la dent pour alimenter efficacement le système 2 😉
Il y a encore ++ de neige Vincent, va skier. Pour une avoir de bonnes pensées, c'est un bon ... système. 😄
C'est bien plus intéressant de lire l'article en entier! h**p://www.philomag.com/les-idees/entretiens/daniel-kahneman-les-gens-sont-infiniment-compliques-7155